d’après Johan Barthold Jongkind (1819-1891) – Moulin près d’un canal en Hollande (19 juillet 1867) – Aquarelle / Pierre noire – 14,1 x 26,5 cm

Hans a fait la fête toute la nuit. Il adore faire la fête, boire jusqu’à perdre le contrôle. Avec sa bande de potes tous les week-ends c’est à celui qui sera ivre mort le plus rapidement possible. L’adolescence est pourtant bien loin derrière eux. Ils sont tous mariés et pères de plusieurs enfants chacun. Et pourtant, le vice ne les quitte pas. Leurs femmes respectives ont abandonné. Mais celle de Hans l’a quitté la semaine dernière avec leurs trois enfants. Elle n’en pouvait plus de ce rythme de vie égoïste et dangereux. Se retrouver seule à guetter le moteur de la voiture dans l’allée …Du coup, Hans a décidé de ne plus rentrer chez lui ces soirs-là et d’investir son lieu de travail : le moulin. Juste à côté, une petite maison à moitié délabrée mais tout de même équipée d’un évier, d’un matelas sur un vieux lit de camp en ferraille et d’une vieille cafetière qui fait un excellent café. Un petit coin de paradis le long du canal, sous la haute surveillance des trois vaches noires et blanches de son oncle.

Le moulin, c’est toute sa vie, un rêve de gosse. Un travail nécessitant une présence quotidienne chaque jour de l’année. Impossible d’échapper à cette servitude. Mais Hans c’est son truc. Certainement un détail supplémentaire mettant les nerfs de sa femme à fleur de peau. Le salaire n’est pas mirobolant, certes, mais une passion ne se monnaye pas, un point c’est tout.

Ce matin, l’eau a commencé à monter avant même l’arrivée de Hans sur les lieux. Ce dernier ne s’est aperçu de rien pour autant. Les vapeurs d’alcool sont vraiment redoutables. Et lorsque le meunier refait surface au beau milieu de l’après-midi, l’inondation a déjà atteint son point culminant. C’est la catastrophe. Les deux pieds dans l’eau, il avance à contre courant vers la porte de la bicoque. Son objectif : atteindre le moulin très vite et tenter de sauver les sacs de farine disposés à même le sol. Ceux-là même que Hans devait ranger en hauteur la veille et … Pourvu qu’il arrive à temps. C’est en ouvrant la porte que les quatre sacs ont décidé de se sauver par voie maritime. Son pied bute sur … Hans se retrouve à plat ventre dans l’eau douce salée. Son dur labeur de la semaine …

Hans n’a plus jamais fait la fête …