d’après Vermeer (1632 – 1675) – Le géographe (vers 1668-1669) – Pastel sur papier anthracite – 22,4 x 19,8 cm

Pierre est à la fois impatient et inquiet. Il doit embarquer demain à l’aube à bord d’un immense voilier en direction du Nouveau Monde. Son rôle ? Effectuer des relevés topographiques les plus précis possibles.

C’est bien la première fois qu’il va aussi loin pour les besoins de son métier. Depuis tout petit déjà, il adorait dessiner des cartes, des reliefs. Ramasser des pierres, de la terre et en fonction de l’endroit où il se trouvait, les couleurs et textures étaient différentes. Dans sa chambre, il entreposait des centaines de petites boites remplies de ses trésors. Sa mère n’a jamais voulu le contrarier et prenait sa défense lorsque son père le menaçait de tout jeter dans la mare.

Arrivé à l’âge adulte, sa passion n’a fait qu’augmenter. Il a entrepris les études nécessaires puis a souhaité enseigner. Parallèlement à l’enseignement, il a proposé çà et là des études à qui était intéressé. De fil en aiguille, de bouche à oreille, sa réputation s’est faite grandissante et il était à présent fort recherché.

C’est dans ce cadre qu’il lui a été demandé d’effectuer ce travail un peu spécial d’investigation outre atlantique. Il a le mal de mer mais il va s’en arranger. Hors de question de se rendre ridicule. La tempête est annoncée pour la nuit prochaine. Hors de question de montrer sa peur. Il se rend sur le pont avec les autres membres de l’équipage et aide aux manœuvres. Ses efforts surhumains portent leurs fruits. Dès le lendemain, il est admis à la table des officiers. Intrigués par ses compétences, ils lui posent tout un tas de questions auxquelles il met un point d’honneur à répondre le plus simplement du monde. Hors de question de paraître trop érudit, il n’y récolterait que sarcasmes et jalousies.

La terre est en vue, plus que quelques heures, indispensables pour le rassemblement de tous ses appareils et livres de documentation. Il emprunte une petite chaloupe avec le capitaine et se retrouve le deuxième homme à poser un pied en terre inconnue, ou presque. Son excitation est à son comble, il en tremble. Difficile de cacher son enthousiasme grandissant devant des hommes aguerris de toute nouveauté. Son bégaiement a raison de lui et bientôt, ses nouveaux camarades le raillent ouvertement. Heureusement le second prend sa défense et fait cesser sur le champ toute agitation inutile. Tout à coup un fossile …