d’après Eugène Boudin (1824-1898) – Plage aux environs de Trouville (1864) – Huile sur toile – 33 x 41 cm

Ils sont tous là, rassemblés sur le sable chaud. Certains debout, d’autres assis. Ils se remémorent les meilleurs moments de la vie de Maximilien. Son enfance, dorée dans le vieux manoir dans la famille depuis des générations. L’aîné de quatre sœurs et trois frères. Ses parents, des aristocrates nantis, ont choyé leur progéniture jusqu’à leur dernier souffle. Les filles ont fait de très beaux mariages. Les frères se sont engagés dans l’armée. Maximilien a préféré les ordres. Son attirance pour la religion date de sa première communion. Une cérémonie magnifique avec des choeurs à couper le souffle. En se couchant ce jour-là, il avait déclaré à son père sa décision irrévocable.

L’apprentissage avait été fastidieux. Maximilien n’était pas très assidu aux lectures, préférant de loin les prières, seul, dans un coin de l’église, loin de toute agitation, près de la lumière des cierges et des vitraux. Sa première messe était émouvante, touchante, sincère. Il y avait mis toute son âme et au-delà. Sa famille, ses amis, ses connaissances avaient tenu à être présents. Ils sont tous là aujourd’hui aussi. Une affection, une admiration, une connivence communes les unissent ostensiblement.

Le ciel gris est devenu bleu azur d’un coup d’un seul. Comme si une présence céleste … Le soleil éblouit la moitié de l’assistance. La jeune femme à la robe rouge est étincelante. Oui, Maximilien, dans ses dernières volontés, avaient insisté pour que le noir soit banni lors de son enterrement. Il souhaitait plus que tout être célébré dans la joie et la gaîté. Les femmes ont, donc, rivalisé d’ingéniosité pour revêtir leurs toilettes les plus étincelantes possibles de leur garde robe. Quant aux hommes, le choix s’était porté sur des chemises blanches et des costumes dans les tons taupe. Même le chien Jules était de la partie et s’adressait à chaque invité à tour de rôle.

Les ombrelles déployées sont comme une protection contre la clarté trop crue des cieux. Les anges irradient la foule de leur bienveillance. Maximilien n’a pas trouvé mieux pour entrer en communication avec les siens, tous les siens, sans exception. Après une vie si bien remplie, un repos fort mérité.

Encore un dernier adieu avant de s’envoler pour l’éternité et flirter avec les esprits illustres qui l’ont précédé dans l’ascension ultime. Plus que quelques minutes encore avant l’extinction des feux. Plus que quelques minutes encore à en mettre pleins les yeux. Plus que …