Huile sur toile – 40 x 40 cm – Original

Elle est tapie en moi, tel un félin qui guette sa proie. Elle est ma propre ennemie et néanmoins ma meilleure amie depuis ma naissance.

Insidieuse, sourde et envahissante, elle s’empare de mon esprit le dimanche soir. Enfant, adolescente, le blues de fin de semaine me plonge dans des larmes incessantes. Inconsolable et tellement seule, la tristesse se sent suffisamment à l’aise et littéralement chez elle pour faire la pluie et le beau temps, et surtout la pluie en l’occurrence ! J’erre comme une âme en peine dans ma chambre qui me semble l’unique lieu où je puisse être à l’abri. Et pour autant, il n’en est rien …

Au quotidien, plongée dans un livre, absorbée par un film, une série, qu’importe, la tristesse n’est jamais très loin. Comme une deuxième peau, elle est collée à moi, telle une sangsue et me suce le sang et les sens jusqu’à ma perte de conscience, ma perte de confiance, ma perte tout court. Et le plus pernicieux c’est que tout ceci ait lieu à mon insu. Autrement, forcément, j’aurais agi …

Au travail, la tristesse n’est jamais très loin non plus. Le désarroi, l’impuissance dans lesquels elle me plonge me prennent de court et m’immobilisent impunément. Alors, je me réfugie entre le mur et l’affiche, je me fais toute petite, la plus minuscule possible pour me faire oublier de l’extérieur, des autres qui m’entourent et me veulent du mal, forcément. Sauf que, au bout du compte, je me heurte moi-même et me renferme moi, vis-à-vis de moi-même. Mais si je le sais …

Sauf qu’à cet époque, je suis dans la soumission, le noir et … la tristesse totalement, entièrement, inlassablement. Impossible de le savoir et dans la logique impossible d’aller contre. Donc, je subis, encore et encore … Et je pleure, toujours, et encore …

Puis, soudain, enfin, après un long travail … je réalise, j’enlève mes pelures d’oignons, mes croyances, mes peurs. Je vois l’intensité, je la ressens, je la comprends. Je me pardonne aussi, j’implore quelquefois, je suis à ma recherche !

Puis l’évidence, comme un deuxième souffle, comme une naissance à moi-même et la tristesse s’éloigne, se détache, dans la douleur, dans les pleurs, encore, dans la froideur parfois. Finalement, elle n’a d’autre choix que me quitter, ou plutôt, je la quitte !

Et je ferme les yeux, les pensées disparaissent, adieu la tristesse …