Aquarelle – 14 x 19 cm – Original

En cette période trouble, inquiétante, polémique, dramatique, médiatique, les bords de Marne semblent retrouver leurs lettres de noblesse.

Après un enfermement obligatoire de deux mois, les passionnés des balades en famille le dimanche, les sportifs du week-end, les amoureux de la nature tout court peuvent enfin profiter de leur lieu préféré.

Les canards cancanent joyeusement à l’attention de leur progéniture qui s’active dans l’eau pure et abondante. Et ce tout petit caneton qui traîne, que va t-il advenir de lui ? La distance se creuse imperceptiblement, la cane n’a rien vu ? Les autres frères et sœurs continuent leur lutte contre le courant dare dare. Le vent s’est levé. Les vagues grandissent. Le petit caneton distancé navigue sous les rouleaux. Il appelle désespérément mais … D’un coup, la maman fait demi tour et récupère son petit dernier aspergé d’eau douce. Un échange verbal musclé a lieu entre les deux. Mais tout rentre dans l’ordre. La queue leu leu reprend son cours.

La bande de potes adolescents passent en courant à côté de ce mini drame sans y prêter la moindre attention. Ils sont beaucoup trop impliqués dans leur mission dominicale. Quelle est-elle ? Le stand up paddle, fini le stand up at home ! Les maillots de bain ont quitté les armoires, pour réintégrer leur véritable utilité. Pour certains, ils se sont retrouvés bien près des corps. Ils n’aiment pas trop boudiner les humains mais franchement, ce n’est pas leur faute. Deux mois de gâteaux faits maison, de jeux vidéos, et de sitting dans le canapé … Pas de quoi entretenir un corps affûté. Ce rendez-vous réjouit les jeunes à plus d’un titre. C’est le retour à la liberté de mouvement en plein air. C’est l’échappatoire à l’autorité parentale, tellement pesante ces derniers temps. Ce sont tout simplement les retrouvailles d’une amitié qui dure depuis les classes de la maternelle.

Le printemps s’est épanoui tout seul. Il a pu laisser libre cours à son inspiration. La végétation a envahi imperceptiblement les allées. Les jardiniers de la ville n’ont pas encore eu l’opportunité de faire usage de leurs sécateurs et autres instruments de torture. Les branches des arbres s’arc-boutent pour toucher le sol, les fleurs lourdes et parfumées de part et d’autre des rondins de plus en plus fins à mesure qu’ils grandissent, déposent subtilement leur pollen sur les cheveux des promeneurs distraits et heureux d’être libres.