Huile sur bois – 24 x 33 cm – Original

Jean-Luc n’aime pas les histoires. Il déteste ce moment soi-disant privilégié avec son père durant lequel il lui lit une histoire. Et le pire, ce sont les week-ends, parce qu’à ce moment-là, comme il y a plus de temps, c’est au tour de sa mère de s’y coller mais avec un conte cette fois. Et là, c’est intolérable.

Un soir, alors que Jean-Luc entame sa huitième année, il décide de stopper net cette mascarade qui n’a que trop, beaucoup duré. Il attend tout de même le samedi soir parce que forcément avec sa mère ce sera plus facile. Il a un petit peu peur de son père en fait. Donc, bien installé dans son lit, il annonce tout de go que cette fois ce sera lui le maître de cérémonie. Il prend quelques feuilles de papier blanc, ses crayons de couleur préférés et débute ainsi son récit.

« Il était une fois dans une forêt tropicale où il fait toujours chaud, où il pleut aussi énormément, un petit garçon qui devait aller rendre visite à son vieil oncle violent et alcoolique. Le jeune enfant n’est pas très rassuré mais ses parents tous deux très très malades et cloués au lit n’ont pas d’autre solution. Il prend une bouteille d’apéritif dans un sac et s’enfonce dans la forêt. Pour se tenir compagnie et surtout se donner du courage, il chante à tue tête. N’importe quoi mais il s’en fout. Sur le chemin il rencontre une vieille, très vieille femme, des verrues partout sur le visage et les mains. D’abord effrayé, il marche plus vite mais elle le suit toujours. Résigné, il s’arrête, se retourne et lui fait face. Surprise mais ravie par tant de témérité, elle décide de lui faire un cadeau. Elle lui tend une fleur, une tulipe toute orange, flamboyante mais le met en garde quant à son pouvoir. Ravi de disposer d’une arme pour sa visite de l’après-midi, il remercie vivement la sorcière et continue son chemin.

Lorsque le garçon se trouve devant la porte close, il hésite. Mais trop tard, l’oncle, déjà saoul, se plante devant lui, les bras grands ouverts. Esquivant l’étreinte inévitable, il lui remet la bouteille d’alcool pensant s’en débarrasser. En vain. C’est alors qu’il brandit, telle une arme, la tulipe devant les yeux du vieux qui s’approchant de trop près disparaît entièrement dans le cœur ».