d’après Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571-1610) – Corbeille de fruits (vers 1593-1594) – Huile sur toile – 38 x 46 cm
Antoine est en retard. Encore ! Il avait promis. Est-ce sa faute à lui si un illuminé a mis un colis piégé dans le métro ? Est-ce sa faute à lui si du coup sa ligne de métro a été arrêté pour une durée indéterminée. Est-ce sa faute à lui si finalement il doit quasiment faire tout le tour de Paris pour arriver à destination ? Non, bien sûr que non. Il s’est posé la question sur la possibilité de prendre un taxi, un uber ? Et puis, il s’est dit qu’à cette heure-ci, veille de Noël, pluie verglaçante … Il n’aurait pas gagné de temps, bien au contraire.Quelle chambre déjà ? Ce dont il est certain, c’est qu’elle est dans le service cardiologie. Il va devoir interroger une infirmière dès son arrivée à l’étage adéquat. Ce monde sur le quai … pourvu que son paquet ne soit pas trop abîmé pendant le trajet … Quoi encore ? Lorsque le micro grésille, ce n’est jamais bon. Une voix complètement inaudible hurle des informations certainement primordiales mais incompréhensibles pour tous les passagers ici présents. Les portes s’ouvrent et un flot de voyageurs tentent désespérément de rentrer dans le wagon d’ores et déjà bondé. Antoine n’en peut plus. Protéger le paquet à n’importe quel prix.
Lorsqu’Antoine frappe enfin à la porte de la chambre et qu’il entend une petite voix familière lui répondre « Entrez ! », il est soulagé. Il en pleurerait. Rose est là. Le teint pâle, certes, mais le visage avenant et le sourire qui réconforte. Lorsqu’elle ouvre son paquet, elle est émue, très émue. Une larme coule imperceptiblement, dévale tout doucement sa joue gauche. L’attention lui plait, c’est évident. Une corbeille remplie de fruits de saison et égayée de quelques feuilles. Gourmande, Rose va se régaler.
La grand-mère et le petit fils échangent sur les études du jeune homme, sur sa petite copine, aussi timide que jolie, sur ses prochaines vacances au ski au mois de février. Tout un tas de petites choses qui font oublier le quotidien, la maladie, les traitements douloureux, la mort qui rôde. C’est l’heure du plateau repas. Oh rien d’extraordinaire mais Rose attend toujours cet instant avec grande impatience. Moins ce soir, elle a de la compagnie !
Au départ d’Antoine, en jetant un œil sur la corbeille, la mémoire lui revient … Son tableau préféré … Le Caravage !
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