d’après Vermeer (1632 – 1675) – La jeune fille à la perle (vers 1665) – Huile sur toile – 30 x 24 cm – VENDU
Bonjour ma petite sœur …
Lorsque je repense à ce dernier regard que tu m’as lancé juste avant mon départ, j’en ai le sang glacé. Tu me semblais alors à la fois mélancolique et résignée, à la fois conquérante et perdue, à la fois présente et ailleurs. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai compris …
Toutes ces années partagées à tes côtés, ces disputes sans importance mais cruciales à l’époque. Ces moments d’intenses complicités, ces tendres câlins lorsque tu pleurais toutes les larmes de ton corps, ces mots prononcés pour t’encourager à laisser ton immense tristesse aux oubliettes. C’est comme si en un seul regard tout était là.
Tous ces espoirs et désespoirs, ses malheurs et histoires de notre quotidien auprès de notre chère famille. Ces incompréhensions mutuelles, ces non-dits perpétuels, ces silences trop lourds à porter ont rempli nos jeunes existences. Puis, un jour j’ai décidé de tout lâcher, de tout abandonner. J’ai tant désiré vivre à partir de cet instant précis. Cet instant précisément où tout s’est soudainement éclairé. Mais je n’ai pu te dévoiler mes projets. Je t’ai trahie, alors, mais c’était pour mon bien, mon propre salut. C’est comme si en un seul regard tout était là.
Toute cette haine, cet environnement toxique, cette emprise incroyable qui m’ont submergée des années durant, ne doivent désormais plus m’affecter ni m’envahir et encore moins faire partie de moi. Ce n’est pas moi ? Ce n’est pas qui je suis. Je tire un trait. Je ferme définitivement cette lourde porte, si lourde à porter. Je désire vivre ma vie, enfin et plus que tout au monde. Mais j’ai dû faire ce choix impossible, difficile, celui de te quitter définitivement. Je souhaite que tu me pardonnes un jour pour cette décision unilatérale. Mais je suis certaine qu’un jour … C’est comme si en un seul regard tout était là.
Tout est possible désormais. Tout s’ouvre enfin à moi. Toute cette synchronicité magique, jusqu’alors invisible ou presque, montre son vrai visage. Et tu sais quoi ? C’est tellement formidable !
Lorsque je repense à ce dernier regard que tu m’as lancé juste avant mon départ, j’en ai le sang glacé. Tu me semblais alors à la fois mélancolique et résignée, à la fois conquérante et perdue, à la fois présente et ailleurs. Ce n’est que beaucoup plus tard que j’ai compris …
Adieu ma petite sœur …
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