Huile sur toile – 30 x 24 cm – Original

Alors que Paul est allongé sur la plage, il se met à penser, il se met à rêver. Puis, un son familier le sort de sa douce torpeur. Et ce son, quel est-il ? Celui répandu sur les bords de mer ; celui qui rappelle les vacances ; celui qui réveille le matin … Celui des mouettes. Elles sont là, à tourbillonner, juste au-dessus de sa tête.

Le cri de la mouette est exquis. Il ramène Paul à un souvenir d’enfance. Il se revoit chez ses parents. Il se souvient de cette décoration accrochée au mur du salon représentant une moitié de mouette. Bien sûr, il n’y avait pas le cri ! Mais Paul a toujours été fasciné par l’oiseau. Il trouve la mouette à la fois boudeuse et rieuse ; hautaine et amicale ; ordinaire et majestueuse. Il pouvait demeurer des heures à la contempler, à inventer tout un tas d’histoires, plus extraordinaires les unes que les autres. Il aurait pu être écrivain. Oui, un écrivain animalier, cela lui aurait bien plu. Mais cela n’a pas été le cas.

Paul a grandi. Il a quitté la maison de ses parents. Il s’est marié. Il a fondé sa propre famille. Puis, ses parents sont décédés. Paul n’a plus jamais revu la mouette. Et pourtant, c’est comme si elle ne l’avait jamais quitté. En effet, chaque fois qu’il part en vacances, que ce soit en France ou à l’étranger, en bord de mer ou un peu plus loin des côtes, elle est là, fidèle. Parfois même, elle emmène des amies avec elle. Elles sont alors toute une tribu à crier, à virevolter contre vents et marées. Elles ont l’air heureux. Elles vont jusqu’à quémander un peu de nourriture ici ou là. Certaines, expertes, volent à l’arrachée. Paul les surprend au vol avec son appareil photo. Il les filme aussi quelquefois. Le raffut est tel que l’on pourrait croire qu’elles sont des milliers !

La mouette est juste au-dessus de lui maintenant. Soudain, une pensée lui traverse l’esprit. Et si jamais il lui prenait l’envie, à cette foutue mouette, pour le coup, de se soulager là, maintenant, tout de suite. Le largage serait parfait. Paul se lève, alors, d’un bond de sa serviette, à la grande surprise de sa femme. Aussitôt les pieds dans le sable, une fiente monumentale atterrit juste à côté de son gros orteil. Paul est stupéfait.