Huile sur toile – 30 x 40 cm – Original

Il fait un froid de canard dans les cuisines l’hiver. Éos tente de se rapprocher de la gazinière qui fonctionne depuis quelques minutes. Un plat dans le four, pour le dîner vraisemblablement compte tenu de l’heure tardive. Il fait nuit noire, au sous-sol du château de Valençay.

Avec son gros ventre, Éos a de plus en plus de mal à se frayer un chemin discrètement et rapidement parmi le personnel du château. Les chambres sont désormais hors de sa portée. Il ne lui reste plus que cet endroit où finalement elle peut presque aisément se procurer un peu de nourriture. Elle ignore combien de petits elle couve à l’intérieur mais ce qu’elle est affamée.

Zut, elle vient de se faire repérer. Et en plus, c’est la chef … Les sabots bruyants s’approchent à grands pas vers Éos et en un rien de temps elle est soulevée du sol. À sa grande surprise, elle se retrouve coincée entre le cou et l’épaule de la cuisinière. Elle n’est pas habituée à tant de chaleur, Éos est comblée. Elle s’endormirait presque dans ce petit creux qui sent si bon la cannelle et la pomme. D’ailleurs, elle s’est endormie.

Quand Éos se réveille, une douleur vive dans le ventre l’empêche de sortir de … Mais où est-elle ? Dans un carton … Enroulée dans une couverture, toute douce … La douleur est trop vive pour se poser plus de questions. Les contractions s’enchaînent, Éos en suffoquerait presque. Soudain, une petite tête, un corps tout frêle, en voilà un … Puis, plus rien, les contractions ont disparu, le mal avec. Cette fois-ci, ce sera ainsi. Un tout petit chaton. Éos est ravie. Les yeux fermés, aveugle il avance maladroitement vers le ventre de sa maman et commence à téter vigoureusement.

C’est alors que son ange gardienne humaine franchit le seuil de la porte de l’endroit mystérieux dans lequel Éos se repose. Une légère collation l’attend, de douces caresses et des mots murmurés dont elle ne saisit pas le sens. C’est qu’elle pourrait bien se faire à sa nouvelle vie Éos. Plus de virées dangereuses et hasardeuses dans les bois, plus de combats entre congénères, plus de recherches vaines pour se nourrir.

Lorsque qu’Éos reprend ses esprits, elle n’est plus dans le carton mais dans le creux du cou de la cuisinière, avec son bébé qu’elle décide de nommer Rubis, son joyau !