Les quais de Seine

d’après Johan Barthold Jongkind (1819-1891) – Vue des quais à Paris (1868) – Pierre noire / Aquarelle – 13,8 x 26,3 cm – VENDU

Alexia se regarde dans le miroir de la salle de bain. Elle tente de se maquiller mais sa main gauche tremble trop. Son mascara se répand un peu partout sur la paupière, en bas de l’œil. Bref, en quelques secondes, elle ne ressemble plus à rien. Son téléphone portable sonne une fois encore. Elle ne répondra pas. À quoi bon ? Sa meilleure amie Valentine a insisté pour organiser une fête ce soir pour ses 18 ans. Certains diront que c’est le plus bel âge. Pour Alexia, c’est autre chose.Lorsqu’elle arrive au bar Les Furieux à Bastille, la salle est comble. Elle ne saurait dire s’ils sont tous là pour elle. Elle n’est tellement pas physionomiste. En fait, c’est pire que ça, elle s’en moque totalement. Elle se dirige directement au bar et commande un Pirate Doll, à base de rhum, son cocktail préféré. Alexia a tellement soif. Ça calmera son tremblement. Elle en est certaine.

Elle en déguste une première longue gorgée, salvatrice, avant de reconnaître Valentine entourée de deux « vieux beaux », vraisemblablement des habitués des lieux. Il faut dire que Valentine est sublime : de longs cheveux blonds, des yeux verts émeraude, une silhouette sportive et élancée et un petit tatouage discret et raffiné sur l’épaule droite, une fée clochette aux ailes magiques dans les tons de vert clair et argent. Difficile pour Alexia de rivaliser du haut de son 1m60 et de ses rondeurs disgracieuses et exclusivement placées sur les hanches et les cuisses. Quelques boutons d’acné persistants sur le front et les joues. Pas de quoi attirer les foules, mais les ennuis, oui !

Alexia rejoint son amie le sourire aux lèvres, un peu forcé. Valentine semble ravie d’échapper à ses deux pots de colle masculins. Elles se dirigent bras dessus bras dessous vers la joyeuse bande du fond de la salle, à peine majeure.

La soirée bat son plein. Alexia a bu un verre, puis deux, puis trois, puis, … elle ne se souvient plus. Juste qu’elle se retrouve sur un pont des quais de Seine, celui avec les cadenas, et qu’elle ne rêve que d’une chose c’est de passer par-dessus bord. Le plongeon, le vrai, le grand, celui dont on revient jamais. Le plongeon héroïque, l’acte de bravoure. Alexia accroche son pendentif avec un cœur en argent, cadeau d’anniversaire, sur un des cadenas et puis, plouf …

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2 Comments

  1. Dom

    coucou, Sidranne , belle idée que de nous montrer tes dessins ou peintures, mais cela serait sympa si le format pouvait en être plus grand. J’aimerai mieux voir les détails.
    Amitiés.
    DomAry

    • Sidranne

      Merci DomAry,
      Je suis de ton avis, je n’ai pas dit mon dernier mot !
      Je dois regarder si je peux modifier cette spécificité liée au thème de WordPress.

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