d’après Francisco de Burgos Mantilla (1612-1672) – Nature morte aux fruits secs (1631) – Huile sur toile – 24,5 x 41 cm

C’est bientôt Noël, Elisabeth est très impatiente d’ouvrir ses cadeaux qui seront disposés gracieusement autour de l’immense sapin décoré de centaines de boules provenant de tous les pays du monde.Mais il est une tradition familiale qu’Elisabeth aime par-dessus tout. Elle remonte à sa grand-maman, qui elle-même le tient de son grand-papa, qui lui-même … Et ainsi de suite depuis des générations. Elle a bien tenté quelques fois d’avancer LE moment tant attendu mais en vain. Sa mère est très stricte sur ce point, sur tous les points d’ailleurs et son père encore davantage. Si cela était possible. Oui, cela est.

Avec sa petite sœur Margaret, elle trépigne d’impatience. La journée va être tellement longue. En faisant abstraction de toutes les obligations dues à leur rang, les minutes s’écoulent avec une lenteur déconcertante, vraiment. Il faut faire sa toilette aussi, et puis s’habiller. Enfin s’habiller pour quelques heures seulement puisque pour la cérémonie à l’église il faudra revêtir une autre robe et pour le dîner, une autre encore. Que de contraintes un si beau jour.

Le brouillard est épais et enveloppe le paysage d’une humidité saisissante. Elisabeth joue à cache cache avec Margaret et les chiens qui aiment à courir et aboyer dans les quatre coins de la propriété. Tout ce petit monde en oublie le temps et le retentissement insistant de la clochette les invitant à rentrer pour le déjeuner.

Les chaussures boueuses et les genoux noirs, Elisabeth fait une entrée très remarquée dans la salle à manger. Le regard réprobateur de sa mère lui fait baisser la tête instantanément et murmurer des plates excuses. Elle fait demi-tour pour se changer, sa femme de chambre sur les talons. Mais pourquoi n’est-elle pas comme toutes les petites filles de son âge avec l’insouciance et la désobéissance qui vont avec. Pourquoi tant de contraintes.

Pour éviter tout nouvel incident, Elisabeth passe l’après-midi dans le petit salon à lire un livre qui ne l’absorbe pas réellement. Vite le goûter, le dîner, la messe et … les voilà. Imperturbablement disposés admirablement sur des plats en argent datant de … Oui certainement. À pas de velours, elle s’approche du buffet. Les cadeaux pourront bien attendre mais l’attirance irrésistible vers ces goûts fruités, doucereux, craquants est la plus forte. Sous l’oeil amusé de l’ensemble du personnel et de ses parents plus particulièrement Elisabeth, sans patienter davantage se jette sur les délicieux fruits secs.