d’après Odilon Redon (1840-1916) – Vase, Coquelicots, marguerites et camomille – Huile sur toile – 33,2 x 24,1 cm

« Tu n’es pas drôle. Tu n’as jamais été drôle. ». Ces mots résonnent encore dans sa tête. Elle se souvient encore de son regard glaçant. Il a pourtant obtenu ce qu’il voulait. Mais cela ne lui a pas suffi vraisemblablement. L’humiliation est une bien plus belle victoire. Tout est dans le pouvoir, la puissance mentale exercée sur l’autre à ce moment-là. Plus rien d’autre n’existe.C’est l’histoire d’un couple parti en voyage de noces en Thaïlande. Leur budget n’est pas immense mais le tarif était intéressant alors ils ont pris l’avion pour la première fois. Le lendemain de leur arrivée, ils s’aventurent dans le centre-ville de la capitale. Puis s’éloignent de plus en plus des lieux touristiques pour aboutir dans une impasse. Alors qu’ils décident de revenir sur leurs pas, ils tombent sur un petit groupe d’hommes relativement jeunes. Lui n’a pas le temps de réagir. Il reçoit un coup de poing d’une violence inouïe dans le ventre. Où exactement il ne saurait le dire tant la douleur est diffuse. Quant à elle, elle est chahutée d’un gars à l’autre et agressée par des mains baladeuses. Tétanisée par la peur, aucun son ne sort de sa bouche pourtant grande ouverte. Tout d’un coup une camionnette entre en trombe en marche arrière dans la ruelle manquant de justesse d’écraser la jeune femme en larmes. Le jeune couple est jeté sans ménagement dans l’engin, une cagoule sur leur tête et les poignets solidement attachés.

Le trajet leur semble durer une éternité. Soudain, un coup de frein brutal met fin à leur périple forcé. Des ordres semblent donnés par le plus terrible des ravisseurs. Celui aux petits yeux pervers et rapprochés, celui qui leur ôte les cagoules et qui les dirigent vers un sublime champ de coquelicots rouges et jaunes. La jeune mariée se met à espérer que peut-être il n’est pas si cruel qu’il n’en a l’air, que… Au fur et à mesure que la promenade s’éternise, la tension monte. Les deux tourtereaux tentent de se tenir les mains. Un des gardes assène un coup fatal sur la tempe du marié qui s’écroule. Sa femme se couche sur lui. Un coup de pied dans le bas ventre la projette durement sur le côté.

Le chef lui chuchote alors à l’oreille dans un français impeccable : « sur ta tombe pavot rouge ou pavot jaune ? ».