d’après Johan Barthold Jongkind (1819-1891) – Flotille de bateaux à l’entrée d’Anvers (15 octobre 1866) – Aquarelle / Pierre noire / Mine de plomb – 14,4 x 26 cm

Qui vont sur l’eau, ont-ils des jambes ? Chaque fois qu’Arthur croise des voiliers au loin, c’est le même refrain inlassablement qui lui trotte dans la tête.Enfant, pendant les vacances scolaires, ils avaient l’habitude avec sa mère de se promener après la sieste au bord de l’eau pour voir les bateaux. Ils séjournaient généralement chez ses grands parents maternels. Son père ? Soit-disant un aventurier. Il ne l’a jamais connu. Il n’a jamais vu une seule photo de lui non plus. C’est comme s’il n’avait jamais existé, comme s’il était un fantôme. Petit, ça lui manquait, à l’école aussi, ses camarades se moquaient toujours de lui. Et puis, une fois au lycée, une famille sur deux étant divorcée, son cas n’intéressait plus personne.

Puis, il a quitté la région après ses études de vétérinaire à Maisons Alfort. Il a toujours souhaité vivre à la campagne. Fuir la grande ville, ses buildings immenses, ses autoroutes, ses embouteillages pour la quiétude d’une vie saine au milieu des pâturages. Il a déniché une place chez un vieux, très vieux véto souhaitant prendre sa retraite bien méritée avant la fin de l’année. Au beau milieu de la France, dans le centre, dans le Berry, au pays des sorcières.

Son premier jour a été épique. Il a dû gérer une césarienne pour une vache et une castration pour un âne. Le monde des chiens et chats à sa mémère est bien loin derrière lui dorénavant. Les années ont passé au rythme des saisons et des vêlages. Arthur n’a pas souhaité fonder une famille, ni même trouver une femme pour l’accompagner dans la rude vie de la campagne. Les animaux sont toute sa vie et les voisins qui l’entourent sont pour la plupart très présents.

Pour la première fois de sa presque longue carrière, 20 ans, ce n’est pas rien, Arthur a décidé de prendre quelques jours de congés. Irrésistiblement, il est attiré par les côtes. L’appel de la mer et ses marées, a été le plus fort. Ses grands parents ne sont plus et la maison a été vendue depuis bien longtemps. Arthur loue dons une petite chambre chez l’habitant dans le centre ville et une bicyclette également. Et tous les jours il se rend au bord de l’eau et contemple au loin les voiles tout en chantonnant …

Mais oui mon gros bêta s’ils n’en avaient pas, ils n’marcheraient.