Aquarelle / Pierre noire – 15,5 x 22 cm – Original

Ellen est toute émue de marcher sur ce simple pont de pierre qui relie le château d’Eilean Donan au continent. Elle surplombe désormais le loch Duich. Pas de raids de vikings en vue, ni de pirates des îles de l’ouest.

Elle a quitté Londres sur un coup de tête, ou plutôt, suite à une déception amoureuse, une de plus à son actif. Elle avait besoin de se ressourcer, de se retrouver sur la terre de ses ancêtres du clan MacRae, ceux-là même qui, au début du 20e siècle, ont rénové cet édifice datant du 13e siècle. Elle a vraiment hâte d’entrer dans ce sanctuaire et de se régaler de son histoire, de ses légendes peut-être ?

Alors qu’Ellen franchit la lourde porte sur le parvis, elle sent comme une présence derrière son dos, un léger et imperceptible souffle sur sa nuque. Elle se retourne … rien, personne. La période touristique est passée depuis longtemps maintenant, le mois de novembre est toujours plus que calme. La météo y est pour beaucoup. Dorénavant, le brouillard et la pluie vont prendre le relais.

Elle paye son billet d’entrée, monte les escaliers … C’est parti pour un retour en arrière retentissant et amusant. Ellen se penche aux fenêtres, regarde la vue magnifique. Son imagination commence a prendre le dessus. Elle ferme les yeux et soudain se retrouve plongée au beau milieu du Moyen Age entourée d’hommes armés d’épées la dévisageant étrangement. Elle jette un œil à sa tenue et constate qu’elle n’a pas changer de vêtements. Elle porte toujours son jean, son t-shirt girly rose fuchsia, ses baskets et son pull marin rayé bleu et blanc. Effectivement, c’est une tenue tout à fait anachronique. Elle qui n’aime pas se faire remarquer.

Elle décide de changer de pièce, et carrément de secteur pour ne pas trop attirer l’attention. Sa surprise est plus importante encore que sa peur. Elle cherche désespérément une femme. Elle n’en trouve aucune. Elle marche vite, erre d’un endroit à l’autre, se cache derrière de grosses pierres. Elle sent une main lui saisir violemment l’épaule. Elle tente d’esquiver l’étreinte, en vain. La poigne est trop forte pour lui échapper. L’homme en question lui hurle des mots qu’elle ne comprend pas. Elle n’a jamais appris le gaélique. Il la soulève de terre et l’emmène quelque part …

Pétrifiée, Ellen n’ose même pas répondre à l’appel de son nom !