Huile sur toile – 27 x 46 cm – Original

Non, pour moi ce mot n’évoque pas d’emblée une fleur dans mon esprit mais plutôt un prénom.

Cela fait combien de temps déjà ? Probablement plus de vingt longues années, autant dire une éternité. Je ferme les yeux et je me souviens encore et toujours du visage de cette femme, de son sourire flamboyant, de sa joie de vivre à toute épreuve, de ses quatre enfants qu’elle élevait tambour battant. Et si je fais un tout petit effort supplémentaire, j’entends sa voix.

Je la croisais deux à trois fois par an chez sa sœur et son beau frère à l’occasion de l’anniversaire d’une de ses nièces, d’une communion aussi. Ah oui, j’oubliais ses éclats de rire tonitruants. Ils auraient redonné le goût de vivre à n’importe quelle personne dépressive. Si, si, je vous l’assure. J’attendais avec impatience son arrivée un tantinet théâtrale, son mari, dans l’ombre, soucieux, face à cette femme éclatante.

Elle savait coudre, chanter, jouer du piano. Chaque fête prenait des allures d’instants exceptionnels. C’était aussi une femme très littéraire, pointue sur pleins de sujets diverses et variés. c’était, en fin c’est une femme …

Que devient-elle ? Aucune idée. Et si elle était devenue une heureuse grand-mère, une jeune retraitée active, une impliquée dans son quartier. Ou alors, une exilée dans un coin paumé de l’Ecosse, que j’adore, pour y vivre des jours sereins loin de la foule parisienne et des tourments familiaux d’une grande tribu.

En regardant la fleur, et cet ange gardien spectral qui veille sur elle, j’aime à penser que ma Marguerite bénéficie d’une protection identique. Que le soleil la réchauffe les jours de grand froid, que la pluie lui épargne ses jolies yeux noisette, ou verts ? Là, je ne sais plus vraiment. C’est fou comme la mémoire joue des tours. Que le bonheur envahisse son quotidien suffisamment pour rendre supportables les tracas de la vie.

Je vous ennuie très certainement avec cet épisode très personnel. Des souvenirs qui refont surface, un récit enjolivé, comme souvent lorsqu’il fait appel à la mémoire. Cette dernière joue forcément des tours. Une légère tendance à sélectionner les meilleurs moments, à passer sous silence les tensions, à magnifier une âme, à …

Mais de quoi s’agit-il au juste ? J’ai pris énormément de plaisir à peindre cette marguerite qui jadis habitait mon jardin dans l’Indre et je me suis surprise à vagabonder, à raconter une histoire.