Huile sur bois – 30 x 30 cm – Original

Il était une fois, dans un pays fort fort lointain, un tout petit jardin habité par des fleurs extraordinaires.

Des fleurs aussi belles que cruelles, aussi fidèles que rebelles, aussi éternelles que mortelles qui peuplent les prairies. Parmi celles-ci, il en est une d’une exceptionnelle beauté, couleur laque de garance aux extrémités : Médusa. L’aînée d’une famille nombreuse, elle a eu du mal à trouver sa place parmi ses douze frères et sœurs. Elle devait continuellement veiller à ce que tout soit parfait, ordonné, propre. Un début de vie si difficile. Au départ de sa petite et dernière sœur, Médusa a finalement quitté la prairie familiale.

Médusa a longtemps erré de villages en villages, de jardins en jardins. Elle tenait absolument à trouver l’endroit parfait, à la fois coquet et à l’écart de toute civilisation. Elle voulait par-dessus tout exercer ses pouvoirs maléfiques en toute liberté. Un don hérité de son arrière arrière grand-mère mais qu’elle a tenu secret pour ne pas attirer d’ennuis à sa famille. Maintenant, elle est prête et pressée de s’amuser un peu avec le genre humain.

C’est aujourd’hui le premier jour de l’été, Médusa s’épanouit pleinement. Elle prend ses aises et frémit à chaque brise de ce petit vent frais venu du nord. Ah, la voilà enfin. Celle qui tyrannise, certainement depuis des décennies, ce pourtant minuscule bout de terrain. Et comment ? Le plus simplement du monde : un jour elle arrose, un autre elle oublie. Les pauvres nouveaux amis de Médusa n’en peuvent plus. Les uns après les autres, ils lui ont fait part de la dure réalité de leur vie. Déjà que leur cycle est court mais franchement privés de nourriture pendant plusieurs jours puis noyés ensuite, c’en est trop. Alors Médusa leur a proposés son aide, sans trop rentrer dans les détails.

Denise s’approche donc du massif de Médusa. L’air de rien, Médusa agite délicatement ses pétales au gré du vent pour attirer l’attention. L’humaine ne peut résister à cette danse tentatrice. Elle tend alors le bras et effleure de sa main droite les douces tentacules. Ces dernières, à son contact, se durcissent instantanément et éclaboussent le bout des doigts de Denise d’une substance visqueuse verdâtre. Tout à coup, la vieille femme chancelle, perd tout à fait l’équilibre et atterrit sur le sol mouillé par la rosée du matin. Non loin, Médusa la fixe et attend patiemment qu’elle devienne grenouille.