d’après Albrecht Dürer (1471-1528) – Le moulin des saules (1496) – Huile sur toile – 38 x 55 cm

Bree a traversé tous les océans, toutes les landes, tous les dangers, pour atterrir dans ce coin perdu d’Amérique.

Un village au loin, des drôles de maisons aux toits pentus, un plan d’eau au milieu et des arbres qui devraient être centenaires, au moins. Elle tente désespérément et depuis toujours de retrouver ses parents. Toute petite, bébé peut être, elle a été enlevée par des sauvages, arrachée à sa famille, ses amis, ses voisins. Un immense incendie a ravagé ensuite tous les champs alentour. Plus rien n’a subsisté.

Un long, très long voyage a suivi ce douloureux épisode. Il s’est écoulé des heures, des jours, des semaines, des mois avant qu’elle ne soit de nouveau abritée sous un toit. Bree a grandi ainsi, parmi des inconnus qui sont devenus au fil du temps son environnement familier, sa famille, ses amis, ses voisins.

Et puis un jour, adolescente, alors qu’elle faisait sa toilette au bord de la rivière, non loin de son habitation, elle rencontre une vieille femme, une très vieille femme qu’elle n’avait encore jamais vue. Cette dernière s’approche d’elle en la fixant de son regard inexpressif, butant sur les pierres se trouvant sur son passage. Bree, effrayée mais intriguée se dirige vers elle tout en réalisant qu’elle est complètement aveugle. Elle l’aide en lui agrippant le bras droit et l’incite à s’asseoir au bord de l’eau fraîche. C’est alors que la vieille femme commence a lui raconter une histoire, son histoire.

Depuis ce jour, Bree n’a eu de cesse de s’enfuir de ce lieu désormais maudit pour elle et de se lancer à la recherche de ses parents. La vieille lui a promis qu’ils étaient toujours en vie, qu’elle les voyait dans ses rêves, qu’ils avaient réchappé à la boucherie. Elle était là, en tant que femme du chef de tribu. Elle avait été témoin du carnage et avait perdu la vue sur le chemin du retour.

Aujourd’hui, Bree, cachée derrière ce tronc d’arbre qui n’en finit pas, surveille les allers et venues de ce qui semble être un havre de paix. Des femmes, des hommes, des enfants gambadent, insouciants, ignorants. La nuit tombée, elle tente une approche vers une grande bâtisse. Elle ouvre la lourde porte et, dans la pénombre, se dirige vers une petite lumière au bout d’un long couloir. Des voix, des ombres. Trop tard, elle ne peut plus reculer. Soudain, face à elle …