Huile sur toile – 27 x 35 cm – Original

Il commence à pleuvoir. Il fait même plutôt frais. Pour le premier jour de ses vacances après un premier trimestre mouvementé de la première année au lycée de Kobe, métropole de l’île d’Honshu, Maeko se réveille doucement, s’étire, baille et finalement se lève. Dans la pièce d’à côté, elle entend son petit frère Azuma aller et venir d’un pas décidé. Elle donne des coups de poings contre la cloison qui les sépare pour qu’il cesse. Il fait beaucoup trop de bruit pour elle. Mais rien n’y fait. Elle déboule comme une furie dans sa chambre et lui hurle dessus. Pétrifié, Azuma stoppe tout mouvement sur le champ.


Maeko tourne les talons et se dirige vers la cuisine pour un petit déjeuner léger. Lorsque son petit frère franchit le seuil de la porte, ses yeux noirs ébène le fusillent. Il a osé envahir son espace pendant SON moment crucial de liberté ! Les parents sont partis travailler très tôt comme chaque matin et Maeko, « grande soeur » oblige, est chargée de le surveiller, de lui faire à manger, et de la faire travailler … Bref, elle veut bien s’en occuper mais pas au saut du lit ! En plus, aujourd’hui, elle a rendez-vous …
Mais comment faire avec un « pot de colle » ? L’attacher au radiateur ? Non, il risque de crier et d’ameuter tout le quartier. Le confier à quelqu’un d’autre ? Pourquoi pas, mais à qui ? Les grands-parents n’habitent pas à Kobe, ils habitent du côté d’Hakodate sur l’île d’Hokkaido. C’est peut-être le meilleur ami de son petit frère qui habite à un pâté de maison et dont les parents sont adorables. Ou alors, pour être vraiment raisonnable, l’emmener. Bon, en attendant, elle l’envoie lire un chapitre de son livre préféré dans sa chambre pour avoir au moins dix minutes de répit et de réflexion. Son bol de riz avalé, Maeko ouvre la fenêtre, frissonne et ferme les yeux un instant. Elle pense à son trimestre et tout particulièrement à la découverte du chant.
Intégrer la chorale du lycée a été un moment de réconfort à chaque mauvaise note dans une matière principale.
Souvent, quand elle revient au lycée, plutôt que de prendre le bus, Maeko rentre d’un pas assuré en chantonnant à tue-tête la dernière chanson étudiée. Toutes les personnes qu’elle croise la dévisagent bizarrement et se retournent sur son passage. La gaîté et la joie de vivre dérangent …

(Extrait du livre Le Rêve de Kyotaro de Sandrine PEREZ PERICHON)