d’après Eugène Boudin (1824-1898) – Près des cabines (1866) – Mine de plomb / Aquarelle – 12,2 x 24 cm

Ce mois de juillet au Havre est exquis, vraiment ! Un temps magnifique, avec alternance de ciel bleu et de nuage, accompagné de températures doucement estivales. Je redoutais de passer 4 semaines dans la chaleur étouffante de l’été avec tous les après-midis à la plage et les enfants qui hurlent, qui envoient du sable dans les yeux, qui bousculent. Sans oublier les soirées interminables chez les uns, chez les autres avec des apéritifs qui n’en finissent jamais ou plutôt si mais avec des coups de gueule ou des longues déclarations, selon la quantité d’alcool ingurgitée. Non, ça c’était l’année dernière à Antibes. Je hais la Côte d’Azur !L’avantage de cette nouvelle destination c’est que personne n’a été tenté de suivre. On se retrouve donc juste nous, en famille restreinte, c’est-à-dire sans les enfants, avec des soirées scrabble avec une tisane ou des soirées lecture avec Mozart en musique de fond. La classe !

Ce matin, Pierre m’a ouvert la porte donnant sur le jardin. Je m’y suis rué avec délectation J’ai joué avec les oiseaux, j’ai gratté un peu la terre, découvert des bulbes, traîné ma longue carcasse sur la terrasse. Après le déjeuner, en principe, c’est … Oui ! J’avais raison, Isabelle a mis son chapeau, emporté son panier en osier avec un thermos de thé glacé, quelques madeleines au cassis sortant du four, le roman de l’été et le journal de Monsieur.

Pas âme qui vive encore, ou presque. Le bonheur d’une cabine en bord de mer tout à la disposition du couple à la retraite. Isabelle s’organise. Elle sort les chaises pliantes, la petite table d’appoint et s’installe, un soupir de contentement lui échappe au moment d’ouvrir son livre et de reprendre sa lecture à la page 69. Une histoire romanesque comme elle les aime avec des intrigues policières associées. Quotidiennement, devant un verre de sweet sherry, elle en fait le résumé à son mari qui l’écoute d’une oreille distraite mais affiche un air mi-amusé, mi-intrigué. Et moi ? Eh bien j’écoute attentivement, bougeant successivement les deux oreilles. Je suis très friand ce ces instants-là.

Les heures passent vite, très vite. Je suis resté impassiblement assis sur mon séant droit, à quelques mètres de la cabine à guetter les mouettes. Tout à coup, j’entends « Heliot ! Tu viens ? ». Je me lève instantanément et rejoins mes maîtres en remuant la queue.