d’après Eugène Boudin (1824-1898) – Plage et bateaux (vers 1854 – 1860) – Mine de plomb sur papier gris – 24 x 32 cm
Lorsque j’arrive au bord de l’eau, c’est marée basse. Quelques voiliers çà et là s’essaient à la pêche. En cette saison, dorade, lieu jaune et tacaud tentent d’échapper à l’appât, un ver pioché dans la vase. Mais poisson gourmand tombe dans la nasse obligatoirement. Un spectacle paisible se joue devant mes yeux ébahis.Cette petite fille avec son ciré jaune pioche dans le sable récemment libéré de son eau salée à la recherche de couteaux et de petits crabes. Attention aux orteils, ça pince. Non loin, sa grand-mère et son petit frère se laissent guider par le grand-père armé de l’encre. Sont-ils sur le départ ? Viennent-ils revenir d’une pêche miraculeuse. Patience, encore quelques instants et je serai fixée.
À 500 mètres de la plage, un pêcheur, debout sur son embarcation me fait un signe. Je lui rends bien volontiers son bonjour amical. j’aime tant ces ambiances pittoresques typiques de notre France profonde. Au large encore un bateau aux multiples voiles de toutes formes qui filent vers le large et de nouvelles aventures. Enfin, un petit dernier qui traîne péniblement des petites barques idéales pour la pêche au large et le mal de mer.
Je m’installe sur le sable encore tout humide, sort mon calepin et commence à croquer tout ce qui m’environne. La tâche n’est pas aisée, je débute dans cet art qu’est le dessin. Quelques traits au hasard tracés sur le papier. Au hasard, vraiment ? Non, pas tout à fait ! Des règles bien précises de perspective, de mouvement dictent chacun de mes traits. La gomme n’est pas loin. Je prends des repères concernant la disposition des bateaux les uns par rapport aux autres. J’enjolive la réalité parfois. Les personnages deviennent des êtres vivants à part entière. Peut-être sont-ils trop grands, la tête trop petite ? Peu m’importe, je cherche à saisir l’instant uniquement. Et je sais que je manque de temps. Tout ce petit monde bouge, ne m’attend pas, ne me calcule absolument pas. Se sont-ils seulement aperçus de ma présence, à part le pêcheur qui maintenant me tourne le dos ? Je m’active du mieux possible. Je joue avec les ombres, les volumes. Les vagues sont planes, pas de vent ce matin. Une brise légère me fait frissonner alors que je termine mon ébauche. Satisfaite ? Oui, pas mal pour une prise sur le vif. Mais heureusement, c’est le calme plat !
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