VENDU

Huile sur carton entoilé – 18 x 24 cm – Original

C’est la fin de la journée. C’est bientôt la nuit. J’erre dans les rues d’Amsterdam espérant capter l’instant, le moment présent.

J’ai fermé la galerie un petit peu plus tard que d’habitude, je voulais arrêter le temps et profiter des toutes dernières minutes dans cet endroit magique qui m’a porté chance. Et puis il a bien fallu abandonner, pour la soirée jusqu’au lendemain, mes tableaux accrochés au mur de pierre. Ils n’attendent que vous …

J’ai quelques heures devant moi pour découvrir les rues, toutes plus inattendues les unes que les autres. Les canaux brouillent les pistes, c’est un véritable labyrinthe. J’en oublie de me repérer pour laisser libre cours à mon imagination. A chaque détour je m’invente des histoires. Des passants pressés qui me bousculent ; des vélos qui me frôlent dangereusement sans même un coup de klaxon préalable.

Et tout à coup, cet homme à moitié saoul qui interpelle les touristes, nombreux en cette période de l’année. Il hurle des mots incompréhensibles mais qui me rendent immédiatement mal à l’aise. Je passe juste à côté de lui, j’accélère le pas, l’air de rien. Est-ce qu’il s’en aperçoit ou est-ce juste le hasard ? Toujours est-il qu’il commence à me suivre. Surtout ne pas me retourner et continuer comme si de rien n’était.

Mon sens de l’orientation me fait complètement défaut, j’avance, donc, à l’instinct. L’instinct de survie, vraisemblablement. Alors que j’aperçois un pont à franchir, les immeubles d’en face attirent tout particulièrement mon attention. C’est plus fort que moi, je sors mon téléphone portable de ma poche, prends une photo et continue ma marche. Je le sens pas très loin de moi et de m’être arrêtée quelques secondes n’a pas arrangé les choses.

Je décide de traverser et de franchir le pont. Une excellente idée puisque quelques mètres plus loin, j’ose me retourner et … il n’est plus là. Il est resté de l’autre côté du canal. Ouf !

Tiens, il commence à pleuvoir. Je longe une église, j’hésite à me réfugier à l’intérieur. La porte est close. Je continue en direction de la gare centrale. Les gouttes de pluie sont de plus en plus denses. Je ne vais pas tarder à être complètement trempée. Je baisse la tête, je suis en pilotage automatique. Vais-je emprunter le bon chemin et trouver la gare ?

La pluie m’a porté chance, me voilà dans le train.