d’après Eugène-Louis Lami (1800 – 1890) – Louis-Philippe 1er  – Pierre noire / Sanguine / Craie blanche sur papier gris – 20,5 x 18 cm

Les tensions politiques s’intensifient. Peu avant la révolution, le roi Louis-Philippe s’entretient avec le prince Jérôme Napoléon aux Tuileries. Ce dernier tente d’avertir le roi de la gravité de la situation. Mais le roi demeure dans le deni : « Mon prince, je ne crains rien. » Et il ajoute : « Je suis nécessaire. »Mais l’insurrection est inévitable. Louis-Philippe est donc contraint d’abdiquer le 24 février 1848 en faveur de son jeune petit-fils Louis-Philippe II. Il prononce ceci « J’abdique cette Couronne que la voix nationale m’avait appelée à porter, en faveur de mon petit fils le Comte de Paris. Puisse t’il réussir dans la grande tâche qui lui echeoit aujourd’hui. »

Encore traumatisé par la décapitation de Louis XVI et sa femme Marie-Antoinette, il se déguise et quitte Paris sur-le-champ.

Des insurgés investissent le palais Bourbon. Devant la pression de l’opinion publique la Chambre des députés est contrainte de renoncer au petit-fils comme roi et de confier le pouvoir à un gouvernement provisoire. Dans la nuit, à l’hôtel de ville de Paris, la Deuxième République est proclamée.

Quelques jours plus tard, Louis-Philippe et Marie-Amélie, sa femme, voyage incognito sous le nom de « Mr. Smith », et embarque au Havre sur un paquebot en direction de l’Angleterre où ils s’installent au château de Claremont mis à disposition par la reine Victoria. Il s’agit d’un manoir de style palladien de la fin du XVIIIe siècle situé à environ 1 kilomètre au sud d’Esher dans le Surrey. C’est la première œuvre de l’architecte Henry Holland en 1771. Mais il est surtout reconnu pour la réalisation de Carlton House à Londres, résidence du prince de Galles aujourd’hui détruite.

En traversant la petite ville d’Esher, Marie-Amélie est tout de suite séduite par la petite église Saint Georges du XVIe siècle. Elle se promet d’y revenir pour se recueillir quelques instants. Cette folle idée d’exil n’est pas la sienne. Abandonner jusqu’à la fin de sa vie sa patrie n’a pas été facile. Mais elle a dû suivre son mari pour éviter, très certainement, la guillotine.

Le voyage a été épuisant physiquement et moralement. Mais en découvrant la demeure en haut de la butte, ses colonnes, ses arbres centenaires. Elle n’a plus souhaité qu’une seule chose : s’asseoir dans un des petits salons dans un fauteuil confortable et siroter une tasse de thé dont seuls les britanniques ont le secret.