d’après Vermeer (1632 – 1675) – La femme tenant une balance (vers 1664) – Pastel sur papier anthracite – 22,4 x 19,8 cm

Aleydis adore son travail mais sa troisième grossesse la tue littéralement. Demeurer debout des heures et des heures entières lui font atrocement mal au dos, au ventre. Elle a peur, très peur qu’il ne lui arrive un malheur. Une voyante un jour lui avait pris sa main gauche quasiment de force et lui avait prédit … Non, non, non, elle préfère ne pas se souvenir !Travailler, encore et encore, jusqu’au bout, comment le pourra t-elle ? Mais elle n’a pas le choix. Elle doit nourrir les deux aînés. Le père est parti de la maison un beau matin pour ne plus revenir. Quelle étrange comportement. Elle a maintes et maintes fois évoquer le sujet avec sa petite sœur sans jamais élucider le mystère.

Parfois, en manipulant tous ces métaux précieux, elle se met à rêver, à imaginer des histoires rocambolesques. Et si … Et pourquoi pas ! Oh non, c’est trop risqué. Le patron s’en rendrait forcément compte. Et s’il manquait ne serait-ce que quelques milligrammes … Oh ce ne serait pas grand-chose après tout mais chaque miette est pesée et répertoriée et … Pourtant, pour se changer les idées … Non, ce serait carrément pour changer de vie. Elle emmènerait ses enfants, sa sœur et … Zut, il faut accélérer le rythme. C’est bientôt l’heure de rentrer et elle a encore une tonne de pesage à effectuer avant la fermeture de la boutique.

Il fait si froid dehors, son manteau est tout juste suffisant pour lui tenir chaud. Son ventre s’arrondit de plus en plus et il devient impossible maintenant de fermer correctement le vêtement. Surtout, ne pas attraper froid à son ventre. Ce serait terrible, vraiment ! Encore quelques mètres … Heureusement elle habite un petit deux pièces juste à proximité de la boutique. C’est sa sœur malade depuis l’enfance qui s’occupe des petits pendant son absence. Une sacrée organisation. Elle tient ça de sa mère ! Et de son père … certainement le côté rêveur et aussi …

Qu’il est doux de rentrer chez soi … Les enfants courent à votre rencontre en poussant des cris de joie. Parfois à moitié habillés si c’est le moment du bain, ou parfois à moitié barbouillés si c’est le moment du dîner. Des amours tout remplis de vitalité et de gaîté. Et lorsqu’Aleydis prend le temps de les regarder vivre, elle se dit que finalement tout va bien.