Aquarelle / Gouache – 15 x 18 cm – Original

J’ai fait un rêve étrange et pénétrant.

Je me trouvais sur un sentier étroit et sinueux. Une végétation luxuriante m’entourait. Des fougères, de la bruyère rose, blanche, violette, et des rhododendrons étaient alignés à perte de vue. Au fur et à mesure que j’avançais, le chemin se resserrait. Tout d’abord amicales, puis plus menaçantes, les tiges me griffaient les bras, le visage et tentaient de m’enlacer pour m’immobiliser.

Mon cœur battait la chamade. Je courais tellement vite et depuis tellement longtemps que j’en avais la nausée. Il mettait impossible de fuir, je tournais en rond et sans cesse le chemin réapparaissait. C’était comme un jeu vidéo qui, arrivé à sa fin, reprend au début. c’était comme une énigme que je devais découvrir pour me sauver. Sauf que je ne disposais d’aucun indice. D’habitude intuitive, je me retrouvais traquée et réagissant sur un simple réflexe de survie. Je devais absolument me poser quelque part pour réfléchir.

J’entendais du bruit au loin, je me sentais bousculée, encore. Puis une voix familière me chuchotait quelque chose à l’oreille. Mais impossible de saisir quoi que ce soit. J’ouvrais les yeux, j’apercevais une tâche blanche bouger, un miaulement peut-être, puis les yeux se refermaient à nouveau et je sentais comme une brûlure sur mes avants bras en sang.

Je me relevais péniblement pour continuer coûte que coûte ma course poursuite. Je pensais sauver ma vie, je pensais.

J’entendais hurler mon nom. Je me retournais pour apercevoir des yeux rouges, des dents jaunâtres taillées en pointe, des bras démesurés et une démarche dodelinante. Je voulais hurler pour que quelqu’un m’entende, pour entendre ma propre voix mais je n’émettais aucun son. Pas la moindre syllabe ne sortait de ma bouche tordue par l’horreur de ma vision. Était-ce un rêve, une réalité ? Moi, j’étais persuadée de la véracité de mon aventure. Je ressentais trop précisément la terreur, la douleur. J’en oublias presque la beauté enchanteresse des lieux. Ce sentier bucolique bordé de rhododendrons. Ces buissons magnifiques aux fleurs multicolores plongés dans la terre de bruyère à l’abri du soleil et gavés d’eau.

Je commençais à perdre la raison, à devenir incohérente dans mes propos. Je voulais me rappeler et néanmoins je continuais de avancer toujours plus difficile, toujours plus vite, toujours plus loin. Je pouvais sentir son souffle chaud dans mon cou. Le danger était palpable, j’étais cuite définitivement.

J’ai fait un rêve étrange et pénétrant.