Aquarelle / Pierre noire / Gouache – 22 x 15,5 cm – Original

Pascal est follement amoureux de sa femme Véronique. Pour leurs 20 ans de mariage, il a eu une idée fabuleuse. Ses enfants ajouteraient volontiers « pour une fois ! ». Peut être pas tout à fait originale mais il sait de source sure, sa belle mère, que c’est le rêve de sa vie : Venise ! Visiter la ville avant que l’eau l’ait noyée.

La surprise est totale et Véronique comblée de bonheur. Soudain, elle aperçoit une gondole. Pascal lui prend doucement la main, l’attire vers lui, l’enlace et lui murmure quelques chose à l’oreille. Émue aux larmes, Véronique se laisse guider vers une gondole qui semble les attendre depuis toujours.

Installés confortablement, ils se laissent porter par les flots et les chants du gondolier. Ce dernier en profite également pour apporter des commentaires au fil de l’eau sur tel bâtiment, le pont des soupirs, les inondations, le tourisme. Le tout dans un anglais approximatif qui a beaucoup fait rire, intérieurement bien sûr, le couple d’amoureux, comme au premier jour.

Véronique est émerveillée. Pascal l’est tout autant. Serait-ce plus par ce qui l’entoure ou par le regard sensationnellement doux et attentif de sa femme qui n’en perd pas une miette ? Il ne saurait le dire ou plutôt … Oui, forcément, sa femme qu’il aime depuis si longtemps déjà et comme au premier jour. Il n’a pas toujours été un mari exemplaire et pourtant elle n’a jamais fait aucune allusion même si …

Ils croisent maintenant d’autres gondoles avec d’autres touristes hilares pour certains, concentrés pour d’autres. Ouf, celle-ci est passée bien près, leur gondole tangue à droite, puis à gauche. Leur gondolier rétablit l’équilibre d’une main experte. Bientôt ils passent sous un pont qui leur paraît bien bas. Instinctivement ils baissent leurs têtes respectives, se cognent vivement sous le regard goguenard de leur hôte. Un peu sonnés, surpris, ils finissent par tomber dans les bras l’un de l’autre.

Le soleil,au rendez-vous, réchauffe ardemment leurs vieilles carcasses ! Un temps étonnamment splendide pour un mois d’avril. Ils auraient souhaité que l’espace temps se fige. Oh pas pour toujours mais pour quelques secondes, minutes, heures de plus. La mort dans l’âme, Véronique saisit la main tendue par son mari pour s’extirper de l’embarcation éphémère et magique. Mais quel souvenir à emporter et à conserver précieusement dans un petit coin de son cerveau pour tous les jours où …