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Alors que je te sers si fort dans mes bras …

Je me remémore nos premières années ensemble. Le premier, tout premier jour. Celui de ta naissance. Cette magie impalpable et effrayante. Je caresse doucement le dessus de ta main, tiens ton tout petit pied et je ne réalise pas encore cet amour immense qui va grandir en moi au même rythme que toi.

Je travaille tant. Et pourtant c’est toujours moi qui te donne le bain, te nourrit. Et le biberon du matin, mon préféré. Mais le temps court, la réalité de la vie prend le dessus. Les soucis, la fatigue. Et ce petit bonheur à portée de main, à portée de câlins.

Plus de nourrices au quotidien, l’école prend le relais. Mes premières larmes, tu grandis. Toutes les deux, un destin scellé. Mais est-ce que je connais vraiment tes pensées ? Une complicité à rude épreuve s’installe année après année.

On fait des projets mais tous ne verront pas le jour. Un jour, j’irai à New York avec toi ? Oh oui, cinq jours inouïs. Voir Venise avant que l’eau l’ait noyée ? Deux amoureuses arpentant la ville de long en large, des stracciatellas, des pizzas, des églises et des tableaux. Week-end à Rome ? Non, pas ce voyage.

Adieu la primaire et bienvenue au collège. Le théâtre, les copines, le karaté. Des expériences vécues par toi mais inconnues par moi. Le fossé se creuse petit à petit.

Les années lycée m’ont rattrapées. L’authenticité s’est sophistiquée. L’orientation doit s’infiltrer mais tant de chemins possibles. Qu’ai-je raté toutes ces années ?

Un sourire, un four rire, des discussions de fin de soirée, des débats sur l’autorité. La sensibilité et l’émotivité en filigrane, tu déploies tes ailes mon ange. Tes premiers chagrins, tes examens couronnés de succès, ta générosité, en vrac, est-ce que je te mérite ?

Puis l’université, de battre mon coeur s’est arrêté. Ce sont les toutes dernières années. Ma tête va éclater, mes regrets sur le sol se noyer et mes souvenirs vers le ciel s’envoler. Comment retenir ces secondes qui s’écoulent ? Comment retenir son souffle ? Devant toi me figer et fusionner pour saisir les quelques instants qui me restent encore pour profiter de toi.

J’ai tant de choses à te dire, tant de mots pour exprimer l’amour qui m’étreint, me réjouit.

Alors que je te sers si fort dans mes bras …