d’après Caspar David Friedrich (1774-1840) – Le Voyageur contemplant une mer de nuages (1818) – Huile sur toile – 40 x 30 cm
Alors que Gaspard se tient droit sur le haut d’on rocher face à l’immense spectacle des nuages et des monts, il se remémore ces quelques vers de l’Iliade d’Homère : « Seule la vie ne revient pas ; on ne peut la reprendre ni la ravoir, quand elle a des dents franchi la clôture. ».
Il a tout perdu, absolument tout. Un champ de bataille a tout décimé. Soudain, il a aperçu sa femme, ses deux fils, sa sœur, son frère, ses parents et grands-parents. Retenu par … il ne s’en souvient plus. Il a couru vers eux, mais les éléments, lorsqu’ils se déchaînent sont redoutables, d’une force diabolique et surhumaine. La terre s’est ouverte en deux. Une faille de plusieurs centaines de mètres en hauteur et de quelques mètres en largeur. Un fossé trop, beaucoup trop énorme à franchir. Il a pourtant pris un certain recul et tenté de sauter mais deux jeunes enfants à ses côtés à sauver du gouffre béant ou l’instinct de survie ? Un geste héroïque ou égoïste ? Gaspard à cet instant-là, précisément, ne se pose pas la question. Il agit selon … Peu importe il agit. Il soulève de la main droite une petite fille de quatre ans à peine suspendue dans le vide et ne tenant qu’à un fil. De sa main gauche, il récupère par un pied un petit garçon marchant à peine, titubant, innocent derrière ses parents emportés par … Il relève la tête juste à temps pour se glisser dans le dernier regard de sa femme engloutie comme des centaines d’autres personnes présentes ce jour-là pour assister à un spectacle de … Quel spectacle déjà ? Quelle importance puisque plus rien n’existe désormais, plus rien ? Si ces deux enfants, orphelins désormais mais qui n’ont plus que lui. Alors ? Quel autre choix que de continuer son chemin, les pensées en vrac, les jambes en coton. Survivre, quoi qu’il lui en coûte. Rejoindre d’autres héros de la vie, dans le chaos de l’existence. Honorer les siens dans sa mémoire.
Alors que Gaspard se tient droit sur le haut d’on rocher face à l’immense spectacle des nuages et des monts, il se remémore ces quelques vers de l’Iliade d’Homère : « Seule la vie ne revient pas ; on ne peut la reprendre ni la ravoir, quand elle a des dents franchi la clôture. ».
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