d’après Henri de Toulouse Lautrec (1864-1901) – Seule (1896) – Pastel sur papier beige – 13 x 20 cm – VENDU
La solitude vient du latin solus signifiant « seul ».
Patty récite encore et encore cette toute petite phrase dans sa tête. Elle se sent alors rassurée. En effet, la solitude lui pèse. Et pourtant c’est son refuge. Elle se laisse sombrer dans ce qu’elle imagine être la volupté. Elle n’a pas le choix. Enfin, c’est ce qu’elle a toujours cru. Ou plutôt ce que ses proches lui ont toujours fait croire.
Elle se retrouve donc seule, chaque fois qu’elle franchit le seuil de sa porte. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, c’est le même scénario. Elle joue avec les trois clés ouvrant sa porte blindée. Eh oui, une serrure, une clé, donc pour trois serrures c’est trois clés ! Pas même un animal domestique pour l’accueillir. Elle est allergique aux chiens, aux chats, aux acariens. Oui, d’accord, il ne s’agit pas d’un animal mais … Revenons à Patty.
Elle contemple son petit studio avec une moue pathétique. Comment peut-elle décemment se sentir mieux dans un contexte si …
Si seulement elle avait des amis. Masculins, féminins, qu’importe. Ne serait-ce qu’un seul individu. Mais non, elle n’aime pas trop le monde. Elle est d’une timidité maladive. Non seulement elle rougit avec une facilité déconcertante mais en plus elle perd l’intégralité de ses moyens allant jusqu’au malaise certaines fois. La semaine passée, au bureau, alors qu’elle devait prendre la parole en public lors d’une réunion, elle a perdu connaissance et sa chef a dû appeler les pompiers. Bien sûr, par pure empathie, deux ou trois collègues ont pris de ses nouvelles le lendemain mais rien de plus. Elle déjeune toujours seule à la cantine, de préférence tout au bout d’une grande tablée où garçons et filles hurlent de rire à chaque bouchée. Heureusement, elle ne mange pas, elle avale. Le supplice ne dure que dix minutes grand maximum.
Seule présence amicale dans ce lugubre « pièce unique », la télévision. Patty enchaîne les séries sur Netflix, les émissions de téléréalité aussi. Elle se complaît dans la vie des autres pour oublier la sienne. C’est tellement plus confortable, supportable. Puis, lorsque ses yeux ne tiennent plus ouverts, que ses paupières sont trop lourdes à porter, elle s’allonge en travers de son lit et parfois se met à rêver au prince charmant ou à la princesse, selon son imagination vagabonde et grivoise. Elle oublie alors qu’elle est seule.
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