La Hornette

Huile sur bois – 38,3 x 55,1 cm – Original

Sarah et Quentin se sont donné rendez-vous vendredi en fin de journée, juste après les cours. Ils ne fréquentent pas le même lycée, ils se retrouvent donc à vélo, à l’angle de la rue principale. C’est aujourd’hui le grand jour. Sarah a dix-huit ans. L’âge de tous les possibles, de tous les interdits, aussi. Quentin doit encore attendre trois mois. Mais il n’est pas très pressé. Il se sent déjà tellement libre dans sa tête, dans ses mouvements, dans sa vie en général.Sarah est en retard, comme d’habitude. Amis d’enfance, depuis ce premier jour à la petite section de la maternelle. Sarah n’avait pas supporté de quitter sa maman. Quentin s’était approché d’elle doucement pour lui déposer un gros bisou bien baveux, dont seuls les enfants ont le secret, sur sa joue salée. Leurs regards s’étaient croisés pour ne plus jamais se quitter.

Le début de l’automne se fait sentir cruellement, Sarah a froid aux mains et aux pieds. Elle pédale encore plus vite pour se réchauffer. Quentin la rattrape pour la guider, ils sont presque arrivés.

La vieille bâtisse offre un paysage inquiétant. Pour se donner du courage, les deux adolescents avalent un shot de Jägermeister chacun. Quentin sort son couteau pour couper les orties qui barrent l’accès à la maison. La porte d’entrée cède après plusieurs coups d’épaule dans un vacarme assourdissant et un nuage de poussière suffoquant. Ce qu’il fait sombre. Sarah sort sa lampe de poche et part à la recherche d’une fenêtre à ouvrir pour chasser cette odeur de moisi et de renfermé qui lui soulève le cœur. Quentin la retient par le bras. Le plancher n’est pas sûr, il craque, comme sur le point de céder, elle ferait bien de faire attention. En avançant à l’aveuglette, Quentin se cogne méchamment la tête sur le coin d’une étagère. Les quelques objets, encore indemnes sur le bout de bois, s’affalent quelques mètres plus bas. Une bouteille à moitié vide se brise en mille morceaux sur le sol en déversant un liquide verdâtre nauséabond et en projetant des débris de verre. Sarah rejoint son ami tout en se tordant la cheville dans un interstice. Tout ce sang sur ses mains … Quentin ne comprend pas. Sarah encore moins. Elle sent un souffle chaud sur sa nuque. Son ami fixe quelque chose par-dessus son épaule. La terreur se lit dans ses yeux. Puis plus rien.

 

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2 Comments

  1. Dom

    huile sur bois? Allons donc …Madame! … nous dirions plus, huile sur toile marouflée sur bois! 😉

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