Huile sur toile – 38,5 x 46,1 cm – Original

Ma journée de travail a été épouvantable, vraiment ! Un monde fou sur la route du retour pour mettre un terme final à ce qui me restait de patience et de joie de vivre. Je n’ai qu’une envie et une seule : m’asseoir dans le canapé avec un verre de vin blanc frappé, un Chablis aurait ma préférence, et câliner inlassablement Charly, mon ragdoll adoré.Une heure et demi plus tard, pour quinze kilomètres parcourus, j’atteins enfin la porte d’entrée automatique de mon parking souterrain. J’extirpe péniblement la télécommande de mon sac à main, j’appuie nerveusement, une fois, deux fois, trois … La porte ne s’ouvre pas. Génial ! Sauvée par le gong, une voiture arrive derrière moi et « Sésame, ouvre-toi ! ». Il va falloir que je change les piles de ce satané truc qui fonctionne quand il veut. Je me gare. Je traverse le dédale des interminables couloirs souterrains du niveau -2. J’enfonce la clé spécifique pour appeler l’ascenseur et … Génial ! Pas de réponse, pas de bruit, rien, rien et rien, le néant absolu. Le plan B ? Faire demi-tour, et, par un judicieux et curieux chassé-croisé inventé par je me demande bien qui, je remonte à pied les deux étages menant au rez-de-chaussée, puis les sept autres jusqu’à mon appartement. Et c’est à ce moment très précis que je me dis : « quand même, habiter au premier étage c’est pas mal ».

J’entre mes clés dans la serrure, tout doucement, décidée à surprendre Charly en plein effort sur le canapé. J’avance doucement vers le couloir tout en l’appelant et irrémédiablement, mon œil est attiré par quelque chose. Je ne sais quoi précisément mais je tourne la tête en direction du salon le regard légèrement incliné vers le sol à quarante-cinq degrés. Et, je pousse un hurlement, incontrôlé, strident, effrayant. C’est comme si toute ma journée s’éjectais d’un jet nauséabond. Par terre, gisant çà et là des dizaines, des centaines, des milliers de pages de livres déchirées, déchiquetées, ingurgitées et vomies un peu plus loin. Tous les livres de ma bibliothèque ont été vidés des étagères, même ceux à des hauteurs improbables. Ma stupeur et ma colère sont à leur paroxysme lorsque Charly fait une entrée triomphale du fin fond de l’appartement en glissant sur un amas de pages du 19ème siècle rédigées par George Sand. Chat possédé et facétieux !