
VENDU
Huile sur carton – 30 x 30 cm – Original
Nous sommes là, depuis si longtemps. Nous sommes quelques-unes, vieilles bâtisses d’antan, aux couleurs vives, aux architectures un peu branlantes, à la joie de vivre insignifiante.
Nous avons traversé tant d’années, de guerre, de paix, de décès, de naissances. Nous sommes les cœurs magnifiques de la civilisation. Nous portons l’espoir, la gaieté, la résilience. Nous sommes autant de chemins de vie des humains qui nous ont habitées que de pierres et de bois qui nous ont construites.
Nous penchons dans tous les sens pour mieux nous battre pour notre survie, combattre les éléments pour demeurer debout, presque intactes.
Nous sommes aujourd’hui pour beaucoup des attractions touristiques. Nous faisons la joie des âmes en quête d’authenticité, des artistes vagabonds, des amateurs de couleurs, d’espace, de poésie. Nous sommes toutes ces choses à la fois et bien plus. Nous offrons une vision particulière, une envie de rester debout, et d’essayer, de tenter, d’aller jusqu’au bout. Nous donnons tout, nous sommes comme ça.
Parfois, à la nuit tombée, nous parlons entre nous. Nous échangeons sur notre passé, notre présent, notre futur. Nous discutons de nos possibilités, qui sont nombreuses, de tout ce que nous pourrions faire pour aider, épauler, arranger, améliorer. Mais, chut ! C’est un secret que nous partageons avec quelques initiés, avec toutes les personnes qui croient, comme nous, à ce quelque chose, à ce tout petit rien dans l’air, à cette force, à cette énergie qui nous fait vibrer, trembler, aimer, détester.
Souvent, lorsque le jour se lève, nous partageons avec le ciel, les nuages, le soleil, les différentes teintes qu’ils appliquent précautionneusement sur nos façades. Nous nous amusons beaucoup avec l’ombre et la lumière et leurs effets dans les yeux des badauds qui marchent nonchalamment devant nos pieds d’argile sur le trottoir avachi.
Enfin, comment ne pas aborder cet élément puissant, limpide et dangereux : l’eau ! C’est un régal quotidien que de se laisser baigner doucement dans cette immensité. Les reflets sont innombrables et uniques. Nous adorons déchiffrer les histoires d’un jour, d’une heure, d’une minute, d’une seconde que nous dicte l’eau. Les couleurs changeantes, les remous incessants nous enivrent tout particulièrement. C’est un jeu permanent qui nous distrait de la possible morosité et tristesse qui nous entourent.
Nous sommes là, depuis si longtemps. Nous sommes quelques-unes, vieilles bâtisses d’antan, aux couleurs vives, aux architectures un peu branlantes, à la joie de vivre souvent insignifiante.
Leave a Reply