Aquarelle – 15 x 20 cm – Original
Alors que je passais, avec ma fille, deux semaines de vacances en Irlande avec un couple d’amis et leur fils, je me souviens particulièrement de cette ruine.
Non pas du lieu, encore moins de son nom, juste cette immensité de verdure tout autour. En effet, le château était bâti sur un léger promontoire et bénéficiait d’une vue dégagée des kilomètres à la ronde. Il faisait un temps magnifique, un soleil prodigieux. Ma fille courrait sur la pelouse bien verte et coupée à ras comme ils savent si bien faire là-bas. Nous pouvions nous asseoir sur ce velours verdoyant. Nous croisions quelques visiteurs, tous enchantés par ce mystère ancestral.
Je fermais les yeux et tentais de m’imaginer la vie qui devait s’épanouir en ces lieux. J’entendais alors des bruits de talons jalonnant le sol, puis des chevaux hennissant au loin. Probablement des soldats investissant leur garnison. Des cris, des coups de gueule, des chopes de bière qui s’entrechoquent. Peut-être une ou deux bagarres, ici ou là. Et des femmes aussi, avec des décolletés provoquant. Des mains baladeuses qu’elles devaient bien supporter des heures durant sans jamais se plaindre, sinon … Que seraient-elles devenues ?
Un seigneur et sa dame ? Pourquoi pas. En visite pour encourager leurs militaires dévoués pour une prochaine bataille à venir. Ils sont tellement vulnérables. Je la ressentais bien présente en ces lieux où très certainement des fantômes rôdent. Il n’est pas toujours aisé de quitter cette terre sans regrets et volontairement. Parfois les survivants vous maintiennent prisonniers de leur chagrin, leur colère, leur culpabilité.
Je voyais aussi des enfants. Des enfants courir, tout comme ma fille courrait. Ils s’amusaient de jeux simples mais parfois dangereux. Armés de couteaux et lames en tous genres, ils imitaient leurs aînés dans de futiles combats imaginaires. Ils savaient presque se battre avant même de marcher. C’était une question de survie. A l’époque …
Tout à coup, j’apercevais ma fille qui s’éloignait dangereusement du point central de la ruine et de tout manière me distançait de plus en plus. Je me levais d’un bond pour la rejoindre. Mais plus je m’avançais vers elle et plus elle s’éloignait jusqu’à disparaître tout à fait. Je commençais sérieusement à m’inquiéter lorsque je sentis une petite main sur mon épaule. Je me retournais brusquement et ne reconnus pas tout de suite l’enfant qui, habillé de manière incongrue …
« Maman, réveille-toi ! ».
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