Huile sur toile – 38 x 46 cm – Original

Sur le lac du bois de Vincennes, un 18 décembre 2020, il est là, il m’attend.

Ce matin-là, lorsque j’ai ouvert les yeux, j’ignorais tout de cette rencontre. Lui aussi. Ils étaient pourtant nombreux sur le lac à s’amuser les uns avec les autres, à déplier leurs ailes, à nager majestueusement sur cette eau presque pure. Qui l’eut cru ?

J’avance d’un pas hésitant, consciente qu’un moment important allait bientôt avoir lieu. Entourée de mes amis, je marche presque tranquille. Puis, après les oies bruyantes mais attachantes, je les vois. Les cygnes facétieux.Certains sont sur la berge, d’autres sur le lac. Une poignée n’arrive cependant pas à se décider et erre une patte de chaque côté, si cela était possible.

L’appareil photo en bandoulière, l’œil affûté, je scrute l’horizon à la recherche … Soudain, je l’aperçois. Il est là. C’est une certitude, c’est lui. Il nage vers le large puis, les ailes déployées, il se retourne et son œil fixe le mien. Je n’ai plus aucun doute, les certitudes défilent indéfiniment dans ma tête. Il m’invite pour le rejoindre, pour une dernière danse. Ou bien pour franchir une étape importante, certainement la plus importante de ma vie.

Je m’approche tout doucement. Il fait de même. Je m’accroupis et regarde à travers l’objectif cet animal magique à l’énergie particulière. Il se dégage quelque chose, imperceptible mais présent. Il fait demi tour, me tourne le dos, telle une danseuse classique, il déploie ses bras ailés et crânement peut-être me jette un regard incitatif, agressif, plaintif, compréhensif, allez savoir. Je saisis cet instant, vite, avant qu’il ne s’échappe à jamais. Lorsque je décroche mon attention de l’appareil photo, il a disparu, soudainement.

De retour chez moi, alors que je voulais peindre ce compagnon de fortune insolite, un doute m’a saisie. Et si j’échouais ? J’ai alors mis de longues semaines avant de terminer le dessin sur la toile, puis de longs mois avant d’oser poser un seul pigment sur la toile. Il a fallu Monaco et cette envie indescriptible, presque animale, qu’il fasse partie du voyage. Je me suis autorisée à l’immortaliser en peinture, lui qui, six mois auparavant, m’avait invitée à voguer avec lui. C’est à mon tour de lui rendre hommage et de l’emmener tout au bout de mon petit monde imaginaire. Un monde empli de couleur, de musique, de mots aussi.

Il suffira d’un cygne …