Huile sur toile – 24 x 30 cm – Original

Face à la mer, je me sens toute petite.

Inlassablement, le flux et le reflux des vagues me donnent le vague à l’âme. Un éternel recommencement rythmé par la valse des marées. Une quantité d’eau impressionnante à perte de vue. L’horizon semble si lointain, inaccessible. La terre serait-elle plate ? Ronde ? Honnêtement ? Qui pourrait le dire de mon point de vue, bien précis, à Ambleteuse, cet après-midi-là.

Alors que je l’observe encore plus intensément, et que je ferme les yeux, les odeurs propres à la mer envahissent mes narines. Un mélange de sel, d’iode, de souvenirs d’autres générations, celles dont on ignore l’existence, celles secrètes. Ce zeste me fait voyager, m’emmène dans des lieux inconnus. J’aime tant me raconter des histoires. Et puis, il y a aussi les mouettes, et tout particulièrement les mouettes rieuses à la tête foncée. Elles me narguent, frôlent ma chevelure, hésitent, puis poursuivent leur chemin vers l’eau glacée. Elles échangent de vifs propos entre elles. Des arguments de mouettes en colère, pressées, furieuses du réchauffement de la planète. Des conversations plus intimes, plus sereines, plus incroyables que je ne comprends pas. Le mystère demeure intact et c’est très bien comme cela.

Des promeneurs vont et viennent mais curieusement, ils me gênent dans ma réflexion. Ma concentration est dérangée par leurs discussions futiles, inconsistantes, inutiles. Leurs regards parfois haineux me transpercent. Leurs regards bienveillants sont quasi inexistants. La mer, elle, est belle. Elle est la vie, la mort, le destin. Elle sait se montrer patiente, rassurante quand elle peut. Mais elle sait aussi se mettre en colère, noyer plus que son propre chagrin, envahir, détruire. En fin de compte, elle reprend tout simplement ses droits. Elle était là bien avant nous et le sera bien après aussi. Elle force l’admiration. Elle a toute la mienne. L’eau n’est pas forcément mon élément préféré et pourtant je ne me lasse pas d’elle. Sa force m’inspire, m’attire et me terrorise. Elle me guide, me rassure, me soigne.

Inlassablement, le flux et le reflux des vagues me donnent le vague à l’âme. Un éternel recommencement rythmé par la valse des marées. Une quantité d’eau impressionnante à perte de vue. L’horizon semble si lointain, inaccessible. La terre serait-elle plate ? Ronde ? Honnêtement ? Qui pourrait le dire de mon point de vue, bien précis, à Ambleteuse, cet après-midi-là.

Face à la mer, je me sens toute petite.