d’après Michelangelo Merisi da Caravaggio (1571-1610) – Madeleine en extase dite Madeleine Klain (1606) – Huile sur bois – 55 x 46 cm
Marie-Madeleine est inquiète. IL n’est toujours pas rentré. IL avait pourtant promis. IL tient toujours ses promesses.
Cela fait plusieurs jours maintenant qu’elle ressent des choses. Et elle ne confond pas avec la vie qui grandit doucement en elle. Non, il s’agit d’autre chose. Quelque chose de beaucoup plus grand, beaucoup plus dangereux. Elle a tenté de lui en glisser deux mots mais en vain. IL lui a souri tout simplement et lui a dit avec son sourire désarmant de ne surtout pas s’inquiéter, que tout irait bien. Puis IL est parti avec des hommes qui ne le quittent plus promettant de revenir le plus vite possible. En tout état de cause, il serait présent avant la prochaine lune.
Marie-Madeleine n’a pas été convaincue ni par son discours sensé soi-disant l’apaiser, ni par son déplacement rapide. Bien au contraire, son inquiétude a atteint des sommets tels qu’elle ne peut plus contrôler. Des douleurs atroces s’emparent d’elle et de son esprit, désormais. Des migraines épouvantables la gagnent sans que rien ne puisse les adoucir. Elle est allée consulter une jeune femme experte en guérison miracle. Mais son état a empiré. Elle s’est un peu affolée. Elle s’est confiée à sa meilleure amie Marie. Cette dernière lui a proposé de lui tenir compagnie jour et nuit, du moins pendant toute la durée de son absence. Une excellente idée que Marie-Madeleine s’est empressée d’accepter. Partager ses angoisses est toujours plus sain à défaut de résoudre le problème.
Et puis le temps a passé. Une journée, puis deux, puis trois. La nouvelle lune a pointé son nez et toujours aucune nouvelle. Elle a bien essayé de mener son enquête auprès de différentes connaissances d’ici et d’ailleurs. Mais rien. Absolument aucune information pouvant la rassurer. Marie fait ce qu’elle peut pour la distraire, lui changer les idées, la soulager.
Que les journées paraissent interminables dans l’inquiétude. Et cet enfant que Marie-Madeleine porte en elle, qui n’a rien demandé mais qui lui rappelle sans cesse son existence. L’espérance est en elle, dans son corps mais son esprit est perdu, complètement. Sans cet homme, qu’elle aime par-dessus tout, elle n’est rien. Et pourtant …
Ce matin, lorsqu’elle s’est réveillée, son coeur battait plus fort qu’à l’accoutumée. Marie-Madeleine n’en a pas tenu compte. Et puis un corbeau noir, puis deux, puis trois, puis bientôt une quinzaine se sont écrasés morts devant sa porte. Un mauvais présage, forcément.
Leave a Reply