Acrylique sur toile – 20 x 20 cm – Original

Quelque part sur la terre, des enfants étudient sagement dans une salle de classe. La journée est presque terminée. Le professeur est las. Pourtant, il lui reste encore une notion qu’il souhaitait aborder. Chaque jour, il dresse une liste de sujets importants qui ne figurent pas forcément au programme mais qu’il désire traiter.

Il a toujours voulu enseigner, c’est sa passion. Même si au fil du temps c’est devenu compliqué. Il n’est plus tout jeune, les élèves ont changé au fil des générations. Ils sont devenus plus impétueux, dirons-nous. Et pourtant il tient absolument à les éduquer et à leur distiller des notions primordiales. La Direction n’est pas toujours d’accord. Il le sait. Alors, il ne prévient personne et enseigne librement. Tant pis pour ceux que cela dérange !

Aujourd’hui, la journée a été particulièrement difficile. Dans sa classe, il a un groupe de trois élèves retords. Leur mode de fonctionnement est la provocation et la violence verbale avec lui, et physique avec certains des camarades. Il suffit que l’un deux dise quelque chose qui leur déplaît, et c’est parti ! Ses collègues ont jeté l’éponge. Lui, non. Il n’arrive pas à s’y résoudre. C’est difficile mais qu’est-ce qui ne l’est pas de nos jours. La vie est un combat, la vie est une récompense aussi parfois. Il faut savoir saisir le moment.

Et le moment, c’est maintenant. Il chuchote quelques mots pour obtenir le silence. D’expérience, il sait pertinemment que hurler ne sert à rien. Bien au contraire. Pour obtenir un semblant d’ordre, le chuchotement est idéal. Cela ne marche pas toujours mais cette fois, il réussit à capter l’attention de tout le monde. Il en profite pour glisser deux mots : « liberté d’expression ».

Les visages se figent. Il peut sentir les neurones de chacun s’activer ardemment dans leur cerveau ! Il est ravi. Ils ne s’attendaient vraisemblablement pas à ça. Il attend les réactions … Elles ne tardent pas à arriver. Ça y est, les langues se délient. Curieusement ce ne sont pas ceux qui mettent le bazar habituellement qui sont les plus loquaces. Bien au contraire, ce sont plutôt les bons élèves du premier rang qui, enfin, profitent de cette fenêtre de tir pour libérer leur parole, leur conscience, leur âme. Au bout de quinze minutes, chacun s’exprime avec respect, honnêteté et simplicité.

Il est heureux, il a réussi son pari !