Acrylique sur toile – 20 x 20 cm – Original

Le Petit Chablis est mon vin blanc préféré. En fait, c’est mon vin préféré tout court.

Un soir, alors que je dessinais un immeuble d’après une de mes photos prises à New York plusieurs années auparavant, pour en faire une aquarelle, j’ai décidé tout d’un coup d’ouvrir une bouteille de Petit Chablis, la dernière qui me restait. Quelle idée saugrenue, et pourtant, c’est bien ce qui s’est passé !

Je me sers dans un verre en cristal Saint Louis, vestige de mon mariage, et je trempe mes lèvres dans ce breuvage qui me rappelle ma jeunesse. Oui, il y a une histoire autour de ce vin. Il y a toujours une histoire !

J’étais alors adolescente et mes parents avaient une maison de campagne près d’Auxerre. C’était la saison des vendanges et … Pour faire court, nous avons eu l’opportunité d’acheter du vin dans des conditions que je ne divulguerai pas. Je faisais partie de l’expédition nocturne. Et depuis, ce vin a comme un goût d’aventure, d’interdit, de douceur.

Je reviens à la soirée dessin et aquarelle. Je ne me suis pas arrêtée à un verre, j’en ai pris un second, puis un troisième, et … j’ai fini la bouteille à moi toute seule. Impossible de partager, un Petit Chablis ne se partage ! Le dessin a été difficile à terminer, d’ailleurs, j’ai remarqué des années plus tard qu’il y avait quelques erreurs … Avec le recul cela me fait beaucoup rire. J’ai enchaîné avec l’aquarelle, bien consciente, enfin à peu près consciente, que la moindre erreur me ruinerait tout mon labeur. Dans un état second, je réussis à achever le building.

Ma tête tournait tellement. Je me suis rendue compte qu’au bout de deux verres, c’était comme si je buvais de l’eau. Je n’avais pas le goût, juste l’ivresse. Lorsque je me suis levée de mon tabouret, je ne marchais plus droit. J’ai titubé jusqu’à ma chambre, mon lit et je rigolais toute seule. Ma fille ne m’avait jamais vue dans cet état, moi non plus d’ailleurs. C’était la première et dernière fois !

J’avais l’impression de flotter au-dessus d’une masse, d’un corps, sombre comme protégé par des pics. Je ne pouvais pas l’atteindre sans me transpercer le corps tout entier jusqu’à mon âme. Quelle drôle expérience que je ne souhaite absolument pas réitérer mais qui finalement ressort des années plus tard à travers ce tableau !