Inspirée par une miniature indo-persane (Rêve éveillé – 1627) – Gouache / Aquarelle – 32 x 24 cm
Anahita se pique la joue avec une aiguille. Une perle de sang coule sur sa joue pâle.
Elle veut juste vérifier si c’est un rêve ou la réalité. Il y a quelques instants à peine, elle se tenait là, assise avec son miroir dans la main gauche, vérifiant que sa coiffe n’avait pas glissé. Son fiancé devrait venir la voir. Elle tient à être impeccable.
Mon dieu, il approche. Elle entend les sabots de son fidèle destrier fouler la terre et aperçoit au loin un nuage de poussière. Aucun doute, c’est bien lui. Le rose teinte très légèrement son front et son menton. Son coeur bat la chamade. Que va t-elle bien pouvoir lui dire ? Elle qui a si peu de conversation. Enfin, c’est ce que lui répète à longueur de journée sa mère. Lui indiquant également qu’elle a bien de la chance qu’un homme s’intéresse à elle, un excellent parti qui plus est. Elle n’a pas intérêt à gâcher une opportunité telle que celle-ci, unique certainement. Oh oui, jamais plus elle n’aura de prétendants aussi intéressants de toute sa vie. C’est une évidence. Avec ce physique ingrat et ce manque d’esprit. Mais de qui peux-tu tenir ?
L’émotion est à son comble. Anahita se redresse juste ce qu’il faut et jette un dernier regard à son miroir. Le cavalier et sa monture ont ralenti l’allure. c’est au pas qu’ils approchent délicatement de la jeune femme. Il descend de son étalon et la rejoint sur-le-champ. Il pose un genou à terre et lui prend délicatement sa main droite et l’effleure de sa bouche pulpeuse rehaussée d’une fine moustache entretenue avec grand soin. Anahita est grisée. Les effluves de ce parfum léger qui se dégage de l’armure l’enivre. Ses sens sont chamboulés. Elle perd connaissance.
Lorsqu’elle ouvre les yeux, Anahita se trouve dans les bras de son prétendant, confortablement lovée tout contre lui, abandonnée. Elle aurait souhaité que ce moment dure une éternité. Reprenant tout à fait sa lucidité, Anahita se redresse et s’échappe de l’emprise du cavalier, certes un peu empressé. Soucieuse des rumeurs et surtout de ce que pourrait dire sa mère quand elle va l’apprendre, ses forces redoublent. Elle bredouille quelques mots d’excuse en rougissant de honte. Et lui ? Il lui sourit, se relève et part.
Anahita se pique la joue avec une aiguille. Une perle de sang coule sur sa joue pâle.
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