Huile sur toile – 30 x 40 cm – Original

Je suis là, assise dans mon canapé, l’air songeur, rêveur, ailleurs … Soudain un frisson me traverse. Je suis gelée jusqu’aux os. La température extérieure a chuté d’un coup, celle de mon corps a suivi le même chemin.

Je jette mes pensées de côté, je les écrase, je les broie. Et à la place, je laisse s’immiscer en moi un quelque chose. Ce truc qui ne s’explique pas, qui ne se voit pas, mais qui se ressent. Encore que ressentir … Je serais plus tentée d’écrire se laisser guider vers un état second. Et alors une foule de souvenirs me hante.

Tout d’abord, ce sont furtivement des odeurs. Je peux difficilement identifier de quoi il s’agit. Et puis, une senteur de rose rose emplit fictivement mes narines. Serais-je à Charbuy, la maison de campagne de mon enfance ? Ou alors dans la rue, m’arrêtant pour sentir une rose m’appelant d’un jardin quelconque. Mais il s’agit d’une lointaine sensation, à coup sûr.

Ensuite, des sons s’infiltrent dans mon oreille interne, remplaçant mes acouphènes. Une petite musique, un groupe d’antan, un chanteur préféré ? La précision est incertaine … Je n’ai aucune idée de … Oh, peut-être que si finalement. Les paroles d’une chanson, écrite dans ma tête par mes soins un après-midi, à Londres, alors que j’étais enfermée dehors. C’était un au-revoir, un désespoir, un je ne sais quoi que je n’ai finalement jamais oublié et qui revient « out of the blue » aujourd’hui.

Puis, des images floues, des histoires inventées inachevées, des … et pourquoi pas … et puis non. Tous ces scenarii conscients, inconscients, qui réapparaissent doucement mais sûrement. Ce que j’aurais pu devenir si … Et pourquoi j’ai toujours écouté les autres sans suivre mon instinct, mes envies ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Parce que !!!

Et maintenant, aujourd’hui, alors que je te regarde les yeux grands ouverts, toi mon huile sur toile avec ce ciel tourmenté, je sens monter en moi cette mélancolie. Cette indescriptible mais saisissante mélancolie qui me colle à la peau, se glisse sous ma semelle de chaussure, devient le caillou dans cette même chaussure, parfois la cerise sur le gâteau, la goutte d’eau qui fait déborder le vase … Ces expressions populaires prennent tout leur sens dans ces circonstances particulières d’introspection, d’auto destruction. Mais vous savez quoi ?

La mélancolie s’arrête aujourd’hui. Bienvenue cette fois à ma vie …