Huile sur carton – 20 x 20 cm – Original
Quand un vieil immeuble rencontre un vieil immeuble, que se disent-ils ? Bah, des histoires de vieux immeubles, forcément ! Et toutes ces histoires commencent il y a un millier d’années, sans exagération, aucune.
L’immeuble aux volets rouges antiques ricanent encore des anecdotes de jadis. Des occupants d’alors, dotés d’une fortune personnelle confortable, des artistes, enfin qui rêvaient d’en être mais qui se noyaient, à tour de rôle, dans l’alcool et la débauche. Ils écrivaient quelques lignes relativement rapidement, puis fêtaient l’événement dans l’excès le plus absolu. Leurs livres n’ont jamais été publiés, enfin, est-ce qu’un seul avait réussi un jour à terminer son œuvre ? Le mystère demeure entier. Mais si les murs pouvaient s’exprimer, ils relateraient des faits qui ne peuvent s’écrire ici.
L’immeuble à la façade couleur vieux rose renferme, dans ses pierres taillées avec délicatesse, d’autres secrets. Une boutique, au rez-de-chaussée, vendait toute sorte d’articles rares et chers. Les hollandais de toutes les provinces du pays venaient s’y approvisionner. Et si l’immeuble osait, il irait même jusqu’à grossir le trait et pousser la célébrité de l’endroit jusqu’aux frontières de l’Europe toute entière. Et pourquoi pas le monde entier. Des objets précieux et désuets, des antiquités hors de prix, des raretés presque impossibles à dénicher ailleurs qu’ici, ce petit bout de trottoir au bord de l’eau. Autant de trésors qui bouleversent une vie sur plusieurs générations, qui font de cet endroit un lieu unique, envié de tous les immeubles aux alentours, certains sans histoire, cela arrive aussi parfois.
L’immeuble couleur terre de sienne naturelle a vécu une toute autre aventure. Celle de générations d’architectes qui ont inventé, réinventé, expérimenté toutes sortes d’espaces, de structures au fil des années. Ils ont eu cette chance de perpétuer le talent, l’inspiration, la vision. Devenir des précurseurs n’a pas forcément été une chose aisée. Et pourtant, malgré la maladie, les guerres, la famine, la misère, les décès, la jalousie, le désespoir, il y avait toujours enfouis dans chacun d’entre eux la santé, la paix, l’abondance, l’aisance, la vie, la générosité, l’espoir. Ils puisaient dans leurs moindres ressources encore et encore pour apporter le meilleur d’eux-mêmes sur cette terre. Aujourd’hui nous appellerions cela la résilience.
Quand un vieil immeuble rencontre un vieil immeuble, que se disent-ils ? Bah, des histoires de vieux immeubles, forcément ! Et toutes ces histoires commencent il y a un millier d’années, sans exagération, aucune.
Leave a Reply