Huile sur toile – 27 x 21 cm – Original
Chaque année dans le cognassier, c’est l’anarchie !
Au tout début du printemps, ou plus exactement au sortir de l’hiver, les cognasses éclosent. Elles s’extirpent difficilement selon l’âge de leur écorce brunasse, blanchasse duveteuse, et sèchent au soleil. Enfin, quand soleil il y a. Parce que forcément à cette époque de l’année, les beaux jours se font rares. La neige, le gel et le froid sont plus souvent présents que la douceur solaire. Et c’est là, à ce moment précis, que tout bascule, irrémédiablement.
Certaines prennent plus de place que les autres, ces autres se retrouvent toutes recroquevillées, et du coup lorsque finalement elles sortent leurs pétales mousseline rose pale à rose bonbon, elles sont toutes biscornues. Furieuses, elles tentent l’ultime vengeance en s’épanouissant le plus largement possible et en dissimulant les inopportunes. Et chaque matin, le petit manège recommence, inlassablement. Les gagnantes de la veille souvent deviennent les perdantes du jour.
Quelle sérénade , quel cirque ! Les branches jouent un rôle plutôt pervers dans cette pièce de théâtre quotidienne. Elles se laissent acheter, convaincre, par ces petites cognasses rusées et manipulatrices. Tour à tour malignes, conspiratrices, secrètes, interrogatives, soupçonneuses. Autant d’adjectifs cruels mais bien réels qui portent préjudice à ces exquises fleurs de février.
La solidarité est exclue de fait dans ce drôle de jeu mêlant le hasard et le calcul. Les plus exceptionnelles de machiavélisme sont les cognasses qui ne paient pas de mine. Celles toutes chétives, maladroites, hideuses parfois qui « mine de crayon », déplient leurs voiles non pour naviguer mais pour gêner leurs sœurs d’infortune. Un petit cœur avec de grandes jupes bien larges et un sourire en coin.
Bon, ai-je été suffisamment claire ? Est-ce que tout le monde a bien saisi le monde impitoyable des cognasses ? Je vous l’avoue tout de go, j’ai peut-être un tantinet exagéré. Je me suis peut-être laissée emporter par une méchanceté passagère liée à l’âge !
Allez, pour rétablir un peu la vérité, il existe dans l’arbuste, et dans quelques branches, des cognasses tout à fait acceptables. Je n’irai pas jusqu’à écrire qu’elles sont gentilles mais a minima non hostiles. Je n’irai pas jusqu’à écrire qu’elles sont arrangeantes mais a minima non contraignantes. D’ailleurs les branches les accueillent avec un immense plaisir et leur réservent la meilleure des places, en bout pour goûter à la douceur des rayons et des regards indiscrets !
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